Les élections qui viennent d’avoir lieu expriment de manière nouvelle la nécessité de rénover la démocratie dans notre pays. Ainsi, elles participent à la remise en cause du caractère présidentiel de notre constitution, qui depuis quelques temps donnait d’office une majorité absolue au président élu. Les résultats se rapprochent de ceux d’une élection à la proportionnelle, qui permettrait enfin au parlement de jouer son rôle et pourrait déboucher sur une démocratisation de notre système politique.
En même temps apparaît cependant un phénomène qui va à l’encontre de celle-ci, à savoir la baisse récurrente du taux de participation. Peut-on se satisfaire d’une démocratie dans laquelle un électeur sur deux ne se déplace pas ? Tout ceci est encore plus préoccupant si on considère également la montée des idées de l’extrême droite, l’ennemie mortelle de la démocratie… Ne doit-on pas voir dans ces deux phénomènes la preuve d’une forme de démission d’une partie de nos concitoyens, qui ne croient plus en la capacité des politiques – et, plus grave encore, de la politique – à améliorer leur quotidien ? Confrontés à la complexité de la situation actuelle (chômage et précarité, menaces climatiques et sanitaires, guerre en Ukraine, flux migratoires, etc.), ils deviennent plus perméables aux sirènes populistes du RN.
Il faut donc créer les conditions de débats démocratiques à tous les échelons (du quartier jusqu’au parlement, en passant par la commune) et contrecarrer la mainmise des puissances d’argent sur les médias. ATTAC, en tant qu’association d’éducation populaire, pourra prendre sa place dans ce mouvement salutaire, mais c’est l’ensemble des forces progressistes et écologiques qui doit en devenir le moteur… Espérons, à ce titre, que la dynamique née pendant ces élections se poursuivra et sera soutenue par un puissant mouvement social.
La réalité du changement climatique, dont le principal marqueur est un réchauffement global lié aux activités humaines, ne fait plus guère débat aujourd’hui au sein du monde scientifique. Le climatoscepticisme a perdu toute crédibilité devant l’évidence des faits. Le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), qui a été créé en 1988 et regroupe des scientifiques et des représentants des États participants, a publié récemment son dernier rapport, scindé en 3 volets parus séparément à quelques mois d’intervalle. Et pour la première fois les experts du GIEC sont formels : la responsabilité des activités humaines dans le réchauffement climatique est « sans équivoque ». Mais avant de voir un peu plus en détail le contenu de ces 3 volets, voici un très court rappel des précédentes parutions.
Le premier rapport remonte à 1990 : il établit le constat d’un réchauffement global du climat, lié probablement à l’émission de gaz à effet de serre par les activités humaines.
Le deuxième rapport de 1995, qui a servi d’outil de travail pour l’établissement du protocole de Kyoto, confirme la probable origine anthropique du changement. Il est publié dans la forme qu’il gardera par la suite : un premier volet qui contient les éléments scientifiques factuels, un second volet qui traite des impacts et de l’adaptation aux changements, et un troisième volet s’adressant plus particulièrement aux décideurs, qui liste les moyens d’atténuer les changements.
Ce n’est qu’à partir du troisième rapport, publié en 2001, que les médias s’emparent réellement de la question climatique, alors que le rapport souligne la rapidité sans précédent des changements en cours.
Le quatrième rapport de 2007 lève les derniers doutes des précédents rapports : le réchauffement climatique est cette fois établi avec certitude, avec notamment pour conséquences inévitables une multiplication et une intensification des phénomènes météorologiques extrêmes.
Le cinquième rapport de 2014 insiste sur la nécessité de réduire le recours aux combustibles fossiles. Il a inspiré les principaux engagements pris par les pays signataires lors de la COP 21, qui s’est déroulée à Paris en 2015. Engagements qui, soit dit en passant, sont restés en grande partie lettre morte dans la pratique.
Ceci nous amène au 6e et dernier rapport en date, dont le 1er volet a été publié en août 2021. Il indique qu’avec la trajectoire actuelle, le seuil crucial des +1,5°C sera atteint vers 2030, alors que les précédents rapports le situaient plutôt vers 2040. Les changements sont donc plus rapides que prévus, ce qui implique de plafonner les émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2025 au plus tard, pour pouvoir respecter ce seuil de +1,5°C. Les conséquences seront alors graves, mais resteront encore contrôlables et l’humanité pourra mettre en oeuvre des mesures d’adaptation. Les 3 années à venir seront donc décisives. Le deuxième volet, publié en février 2022, détaille les conséquences liées au dépassement de ce seuil, en terme par exemple d’évènements météorologiques extrêmes, d’acidification des océans et de montée des niveaux marins, ou encore de perte de biodiversité. Ces conséquences seront extrêmement graves, et pour certaines, irréversibles au moins pour les quelques siècles à venir. Il s’agirait d’un véritable saut dans l’inconnu, avec le risque probable d’un emballement incontrôlable aux conséquences catastrophiques . La moitié de l’humanité – et parmi celle-ci les populations les plus défavorisées sont les premières concernées – vit actuellement dans des régions considérées comme très vulnérables face aux changements en cours.
Projection des températures extrêmes en France en 2050
Le troisième volet, publié en avril dernier, propose des solutions pour limiter les conséquences du réchauffement. Elles concernent tous les domaines qui organisent notre mode de vie, de production et de consommation : l’énergie, l’agriculture, l’industrie, les transports, les loisirs… . Il s’agit en tout premier lieu de limiter drastiquement le recours aux énergies fossiles au profit des énergies renouvelables, mais aussi de réformer en profondeur nos modes de vie et d’alimentation. Par ailleurs, le rapport insiste aussi, et c’est nouveau, sur l’importance de la question sociale pour permettre une transition juste qui puisse être acceptée par tous. Pour atteindre ces objectifs, l’action collective, à travers une indispensable coopération internationale, sera nécessaire et devra concerner tous les niveaux : état, entreprise et individu.
Bref, ce troisième volet du rapport suggère la nécessité d’un changement en profondeur du système, entrant ainsi en résonance avec les combats que mène ATTAC.
Nous sommes à la croisée des chemins : si nous ne nous montrons pas capables d’enclencher sans plus attendre la dynamique préconisée par le GIEC, nous compromettons l’espoir d’un avenir vivable pour l’humanité.
En cette fin d’année scolaire, plusieurs dizaines de jeunes, venus surtout d’Afrique subsaharienne, vont se retrouver à la rue à cause de la volonté de la préfecture de Meurthe-et-Moselle de refuser de leur accorder un titre de séjour. Ces jeunes, dont la grande majorité étaient pris en charge par le Conseil Départemental, vont connaître ce sort pour différentes raisons au cours de l’été. Certains vont perdre leur hébergement car ils atteignent l’âge limite (21 ans) que prévoit l’application de leur « contrat jeune majeur ». D’autres vont perdre ce type de prise en charge car ils ont fait l’objet d’une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) qui n’a pas été annulée par le Tribunal Administratif. Enfin, pour les derniers, c’est la non-reconnaissance de leur minorité qui les condamne à la rue.
D’une manière générale, il faut bien sûr dénoncer la préfecture qui agit délibérément pour contrecarrer l’installation de ces jeunes en Meurthe-et-Moselle. Tout est fait en effet pour contester « leurs papiers » : les consulats produiraient de faux papiers, et même l’avis des juges pour enfants est remis en cause … Or ces jeunes, qui ont vécu bien des drames pour arriver chez nous, font tout ce qu’il faut pour pouvoir rester en France. Ils sont souvent titulaires de diplômes professionnels ou sollicitent des patrons qui sont prêts à les prendre en apprentissage, mais ils ne peuvent rien entreprendre sans un titre de séjour. Le Conseil Départemental doit donc continuer à les accompagner tant que durent les recours en justice et affronter publiquement la préfecture pour dénoncer sa mauvaise foi. Dans cette action, il pourra compter, à n’en pas douter, sur le soutien des associations et des jeunes eux-mêmes.
Dans les médias, le terme « historique » est souvent utilisé pour qualifier tel ou tel événement. Il s’agit la plupart du temps d’attirer l’attention de ceux à qui ces actualités s’adressent, en réaction à une certaine banalisation de l’information.
Est-ce que les élections législatives des 12 et 19 juin mériteront cette appellation ? En tout cas, c’est la première fois que les forces sociales et écologiques présentent des candidats uniques dès le premier tour !
Dès la veille du deuxième tour de l’élection présidentielle, ATTAC appelait à battre Macron dans la rue après avoir battu Le Pen dans les urnes… En effet, et la nomination d’Elisabeth Borne au poste de première ministre semble le confirmer, Macron va poursuivre sa politique technocratique et autoritaire au service des plus riches.
Un petit espoir existe toutefois aujourd’hui de voir mettre en œuvre une nouvelle politique favorable aux plus modestes et propice à la défense du climat. Pour autant, quels que soient le résultat des élections législatives et le gouvernement qui en résultera, il faudra de toute façon de fortes mobilisations, de puissants mouvements sociaux, que ce soit pour empêcher la poursuite des politiques passées ou pour permettre le succès d’une expérience nouvelle de changement politique. Pour sa part, ATTAC aura toujours à cœur, quoiqu’il arrive, de poursuivre à la fois son action résolue contre les inégalités sociales – par une meilleure répartition des revenus, une fiscalité plus juste, le développement des services publics – et son engagement prioritaire contre le dérèglement climatique.
L’État a demandé à la Métropole, comme à toute intercommunalité de plus de 20 000 habitants, de mettre en œuvre un Plan Climatique Air Énergie Territorial (PCAET) pour faire face à l’urgence climatique. Les grandes orientations de ce Plan pour le Grand Nancy ont été adoptées par les élus du Conseil Métropolitain le 12 mai… Pour faciliter l’application des mesures qui devraient permettre d’atteindre les objectifs prévus par la loi (1), la Métropole a décidé de recourir à une COP Territoriale. Cependant ATTAC-54 et trois autres associations ont estimé que le lancement de cette COP et sa mise en œuvre n’étaient pas à la hauteur des enjeux proclamés. Ils ont par conséquent adressé une lettre ouverte (2) au président de la Métropole et à la vice-présidente.
(1) Les trois principaux objectifs de la loi :
• Réduction des émissions de gaz à effet de serre : réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre afin d’atteindre l’objectif 2030 du Pacte Vert de l’Union Européenne, visant à réduire de 55 % ses émissions à l’horizon 2030, et même d’atteindre une baisse de 84 % à l’horizon 2050, par rapport à 1990. • Réduction de la consommation énergétique : réduire la consommation d’énergie de 20 % à l’horizon 2030 par rapport à 2012. La dynamique sera prolongée pour la réduire de 50 % à l’horizon 2050. • Augmentation de la production énergétique : porter la part des énergies renouvelables à 70 % de la consommation finale à l’horizon 2050, dont au moins 35 % d’énergies « locales ».
Comme l’an passé, les organisations syndicales s’étaient accordées sur l’idée de marquer leur soutien aux sans papiers à l’occasion de la manifestation du 1er mai.
Les jeunes et moins jeunes sans papiers ont répondu présents à cette invitation, avec force banderoles et enthousiasme. Haie d’honneur, applaudissements nourris, slogans solidaires, marche en tête de cortège… le cocktail était à la hauteur des enjeux syndicaux.
Pour la troisième fois en vingt ans, le système électoral prévu par notre constitution impose aux forces sociales et écologistes de voter en quelque sorte par défaut. Il les oblige à choisir d’éviter le pire, à savoir l’extrême droite, sans leur permettre de faire pleinement valoir leur choix. Et les législatives qui vont suivre, même s’il faut agir pour tenter d’en faire un troisième tour victorieux, risquent fort de donner une majorité absolue au Président élu. Si l’on ajoute à tout cela les difficultés rencontrées par deux des trois candidats arrivés en tête pour recueillir les 500 signatures, force est de constater que la constitution doit changer, ou du moins que cette élection présidentielle, qui continue à avoir la préférence des Français, doit être modifiée… Cependant, on ne peut se contenter de ce constat car il faut aussi considérer plus largement la situation de nos instances électives. En effet, grâce au rôle joué par le taux d’abstention et la notoriété locale, des partis qui ne comptent désormais plus beaucoup à l’élection présidentielle continuent de diriger un grand nombre de collectivités territoriales. Comment, dans ces conditions, notre démocratie représentative peut-elle fonctionner, si ce n’est en encourageant l’autoritarisme du chef de l’État ? Un autoritarisme auquel Emmanuel Macron ne s’est pas privé d’avoir recours.
Finalement, il faudra que la classe politique accepte que notre système présidentiel soit remis en cause, que des élections à la proportionnelle donnent toute leur place aux députés et qu’une plus grande décentralisation soit mise en place. Tout ceci, bien sûr, ne pourra pas éviter aux partis politiques de s’interroger sur la désaffection dont ils font l’objet.
Attac est une association qui milite pour la justice fiscale, sociale et écologique, et qui conteste le pouvoir pris par la finance, les banques et les multinationales sur les citoyens et la nature.
Les adhésions et les dons sont les principales ressources de l’association, elles lui permettent d’agir en complète indépendance.
En adhérant à Attac, vous soutiendrez cette indépendance et pourrez rejoindre notre Comité Local. Vous pourrez ainsi, si vous le souhaitez, participer activement aux campagnes et actions que nous menons.
ATTAC, Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l’Action Citoyenne, s’est créée il y a plus de 20 ans avec un double objectif : lutter contre la dictature des « marchés » et l’emprise croissante de la finance sur tous les secteurs de la vie économique, sociale et politique ; contribuer à redonner aux citoyens le pouvoir politique aujourd’hui confisqué par la finance.
Alors, comment ne pas nous réjouir de l’action menée par un groupe de citoyens contre le contrat de concession de Nancy Thermal, et du résultat de celle-ci ?
En se substituant à un fonds d’investissement dans le capital de la société concessionnaire, la collectivité reprend la maîtrise de la gestion de cet équipement public, est en mesure de récupérer la plus grande partie des subventions qu’elle devait verser « à fonds perdus » dans le montage initial, et diminue les tarifs d’entrée à la piscine couverte et aux bassins extérieurs en les alignant sur ceux des autres piscines du Grand Nancy. Ainsi est démontrée l’inutilité et la nocivité du recours à ces établissements financiers dont la seule raison d’être est de siphonner l’argent des contribuables et des usagers.
De plus, cette mobilisation pour la défense du service public apporte la preuve que des citoyens peuvent faire changer des politiques publiques dans le sens de l’intérêt général et que l’action citoyenne revendiquée par Attac n’est pas une chimère.
Vous trouverez ci-dessous un message de l’association Le Bien commun, avec sa pièce jointe.
Message du samedi 9 avril :
« Seules sont perdues d’avance les batailles qu’on ne livre pas !
Après trois années de procédure judiciaire, entamée par 12 citoyens dont 3 élus à la Métropole, contre le contrat de construction et de gestion du site Grand Nancy Thermal, une médiation de plusieurs mois a permis de trouver un accord entre les parties.
— Modification des statuts de la société de gestion du site GNTD (Grand Nancy Thermal Développement) en SEML (société d’économie mixte locale). Avec 85 % des parts, la Métropole du Grand Nancy reprend la main sur la gestion du site et bénéficiera des dividendes que devait s’octroyer un fonds d’investissement.
— L’alignement des tarifs sur les autres piscines du Grand Nancy pour la piscine olympique et la nouvelle piscine extérieure. Les tarifs dans la version précédente du contrat augmentaient jusqu’à 150 %.
— Un accès à la piscine ronde pour dix créneaux horaires par semaine au tarif des autres piscines du Grand Nancy, cette dernière dans la précédente version du contrat était privatisée pour les cures et l’espace bien-être.
— La création d’un comité de suivi chargé de surveiller la gestion du site où les requérants seront représentés. La première tâche de ce comité sera la programmation et le suivi d’une étude patrimoniale pour l’intégration du site dans le quartier Art Nouveau.
Vous trouverez en pièce jointe une explication plus détaillée de la procédure et de son résultat, et ici un tableau récapitulatif des acquis de la médiation :
Depuis la tentative d’invasion de l’Ukraine par la Russie, nos institutions locales – au diapason de la France et de l’Europe – sont mobilisées comme jamais pour le meilleur accueil possible des migrants ukrainiens. Dans le cadre du dispositif de « protection temporaire » créé par l’UE il y a une vingtaine d’années, les engagements sont (quasi) sans limite : assurer une scolarisation immédiate, un hébergement sécure immédiat, un accès aux soins et à des ressources financières, un droit au travail immédiat… La ville de Nancy a affrété des bus pour aller chercher des familles jusqu’en Pologne. Le Préfet et le Secrétaire Général de la Préfecture les ont accueillies en personne.
Nous, membres d’ATTAC, nous en réjouissons pleinement. Quel plaisir de constater que nos édiles ont le cœur sur la main lorsque les enjeux géopolitiques les y astreignent. Quelle réjouissance de constater qu’ils savent mettre à disposition leurs services à hauteur des besoins de l’accueil de plusieurs centaines d’étrangers.
Bien sûr, nous nous insurgeons contre la folie guerrière de Poutine comme de tous autres élans mortifères, de quelque pays qu’ils proviennent.
Bien sûr, nous nous insurgeons contre les discriminations en œuvre à la frontière pour trier les migrants demandant le droit d’entrée en Pologne, tout comme nous sommes révoltés par ce même sort que subissent des centaines de sans-papiers vivant en Meurthe-et-Moselle depuis plusieurs années. Chaleureusement, nous souhaitons donc la bienvenue aux Ukrainiens à Nancy. Nous en appelons à un traitement aussi généreux de tous les migrants dans notre département : d’où qu’ils viennent, quoi qu’ils fuient. En soi, il n’y a pas de migrants plus méritants que d’autres. Tous doivent être accueillis dans un esprit de fraternité…
et sur un même pied d’égalité !
Ce texte a été lu en public lors du dernier Cercle de silence du samedi 26 mars, place Stanislas.