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Abaya et émancipation (Édito – septembre 2023)

Cette année la rentrée scolaire, comme c’est souvent le cas, a fait la une des médias. Mais cette fois-ci, au lieu de parler des effectifs et des réformes en cours, on a focalisé l’attention sur l’interdiction de l’abaya.

En prenant une mesure qui caricature la laïcité, le gouvernement a cherché à occulter la réalité. On attend encore que le président de la République – qui s’est attribué l’école comme domaine réservé – s’exprime au sujet de l’absence, 15 jours après la rentrée, d’au moins un enseignant dans la moitié des collèges et lycées de France. On attend aussi des annonces sérieuses de revalorisation des salaires des enseignants, l’un des enjeux principaux face aux difficultés de recrutement. Enfin, on attend toujours des mesures susceptibles de réduire les inégalités sociales qui minent notre système scolaire…

Macron estime que c’est l’adaptabilité au monde de l’entreprise qui réglera le problème. Emblématique à ce titre est la réforme du lycée professionnel qui vise à « caser » des jeunes dès 14 ans dans le monde de l’entreprise, délestant ainsi l’école de sa mission éducative. ATTAC estime, quant à elle, qu’il faut redonner à l’École Publique les moyens matériels et humains dont elle a besoin pour remplir cette mission. Cela demande également de rediscuter l’ensemble des programmes en équilibrant les savoirs pratiques, intellectuels et culturels dans l’intérêt du plus grand nombre, pour une véritable école émancipatrice.

L’impact écologique du numérique

Dans le cadre du Camp Climat 2023 organisé début septembre par le Plan B Nancy, Attac-54 a fait une présentation – sous forme de Powerpoint – sur un sujet qui, à des degrés divers, nous concerne tous : l’impact écologique du numérique. En voici un résumé.

La création en 1969 du réseau américain Arpanet, qui relia pour la première fois des ordinateurs entre eux, marque le début de l’ère numérique. Puis, en à peine une génération, le numérique a conquis la planète.

Tout est fait pour occulter l’impact matériel du numérique sur le monde réel, alors que son empreinte écologique est en réalité énorme, l’équivalent de 3 fois celle d’un pays comme la France. Il mobilise une part croissante des ressources (énergie, matériaux, eau) et consommera 20% de l’électricité produite dans le monde en 2025, tout en étant à l’origine de 7 à 8 % des émissions de gaz à effet de serre. La notion de “sac à dos écologique”, qui indique la quantité de ressources nécessaires à la fabrication d’un produit ou d’un service, illustre bien cet aspect prédateur du numérique. L’exemple de l’ordinateur portable est éloquente :

Et c’est bien pire encore pour un smartphone, ou pour le composant de base essentiel de l’industrie numérique qu’est la puce électronique, symbole même de la mondialisation et de l’effroyable consommation d’énergie qui va avec.

Les centres de données (data centers), lieux de transit, de stockage et de traitement de l’information, sont les rouages essentiels de l’ère numérique. Ils permettent de faire face à l’actuel déluge quotidien –en progression exponentielle – de 5 milliards de Go de données ! L’énergie consommée pour leur fonctionnement et leur refroidissement est colossale et représente une part sans cesse croissante de l’énergie mondiale (ex : dans le Grand Paris, à l’horizon 2030,  1/3 de l’électricité leur sera consacrée), poussant les géants du numérique à se tourner vers des solutions extrêmes pour réduire leur facture énergétique et verdir leur image, par l’installation de data centers dans le Grand Nord (Laponie) ou par leur immersion dans des mers froides.

Un data center de Facebook dans l’Orégon

Le trafic numérique mondial se fait via les autoroutes de l’information que constituent les plus de 500 câbles optiques sous-marins. Si leur impact sur le monde marin reste minime, ils ont un fort impact indirect par l’explosion du trafic de données qu’ils permettent grâce aux fantastiques évolutions techniques intervenues depuis la pose du premier câble en 1988.

La réponse au danger écologique que représente l’industrie du numérique devra forcément être collective, mais chacun peut déjà, à son niveau, réduire son empreinte en pratiquant la sobriété numérique : s’équiper de matériel léger, adapté et multifonction qu’on pensera à recycler, limiter au maximum le visionnage de vidéos en ligne – c’est le poids lourd du numérique, elles représentent 60% du flux mondial de données ! –, alléger les e-mails autant que faire se peut, raccourcir les recherches web par des astuces permettant d’éviter le recours aux moteurs de recherche, optimiser le stockage de données, etc.

Pour voir l’intégralité de la présentation en format PDF : cliquer sur « Menu » en haut à droite de la page, puis sur « Impact écologique du numérique ».

Quiz sur le discours et programme économique et social du RN

Attac-54 a engagé depuis quelques mois déjà un travail sur la déconstruction du discours/programme économique et social du Rassemblement National. Ce travail a notamment débouché sur l’établissement d’un Quiz pour faire comprendre, sous une forme ludique, la réalité qui se cache sous les discours lénifiants du RN. Nous avons commencé à partager ce Quiz avec vous dans l’infolettre de juin, sur les questions de pouvoir d’achat et de logement. Ce mois-ci, nous traitons des questions de fiscalité.

Partie 2 : Fiscalité

Question 6

Le RN souhaite :

A – Exonérer d’impôts sur le revenu tous les actifs jusqu’à 30 ans.

B – Renforcer la progressivité  de l’impôt sur le revenu par la création de nouvelles tranches.

Question 7

En matière de fraude, le RN veut prendre des mesures pour  :

A – Lutter contre la fraude fiscale et la fraude aux prestations sociales, qui seraient toutes deux sous-évaluées.

B – Lutter contre l’évasion fiscale (80 à 100 milliards/an).

Question 8

Concernant les impôts, le RN veut :

A – Supprimer le dispositif Pinel qui permet une réduction d’impôts pouvant atteindre 12% du prix du logement.

B – Exonérer les donations des parents et des grands-parents – jusqu’à 100 000€ par enfant – tous les 10 ans, au lieu de 15 ans actuellement.

Question 9

Pour aider les entreprises, et plus particulièrement les PME, le RN veut :

A – Supprimer la Cotisation Foncière des Entreprises (CFE) et la Contribution Sociale de Solidarité des Sociétés (CSSS).

B – Revoir les niches fiscales d’entreprise et les régimes dérogatoires pour en diminuer le nombre et le coût, afin d’élargir l’assiette de l’impôt sur les sociétés.

Question 10

Macron a remplacé l’ISF par un impôt sur la fortune immobilière (IFI), qui rapporte trois fois moins que l’ISF. Le RN projette de :

A – Prendre le contre-pied de Macron en restaurant l’ISF.

B – Remplacer l’IFI par un «impôt sur la fortune financière ».

==> Pour voir les réponses et les commentaires : cliquez en haut à droite de la page sur « Menu », puis « Quiz sur le RN – Réponses ».

Le Livre sur la Place : deux adhérents d’Attac-54 parmi les auteurs

Lors de la récente édition 2023 du Livre sur la Place, deux adhérents d’Attac-54 figuraient parmi les auteurs présents :

• Benoit FOURCHARD, auteur de pièces de théâtre, de scénarios, de nouvelles et de romans. Son dernier roman, Martha, disponible dans toutes les bonnes librairies, explore les différentes facettes du syndrome de Diogène.

• Bernard APPEL, dont le recueil de poèmes L’inaccompli s’était vu décerner le Grand Prix des Poètes Lorrains 2022. Pour découvrir l’ensemble de ses recueils : https://sites.google.com/view/bernardappel/accueil

Bien accueillir les migrants (Édito – été 2023)

Depuis plusieurs semaines, le parti Les Républicains et ceux qui soutiennent le gouvernement se livrent à une surenchère à propos de la prochaine loi sur l’immigration (la 22ème en 30 ans !). Essayant de mobiliser l’opinion publique contre les migrants, ils n’hésitent pas à plagier le RN, par exemple en mettant en cause l’Aide Médicale d’État. Ils exploitent le moindre fait divers pour encourager l’hostilité envers les étrangers et refusent de rendre hommage aux centaines d’exilés qui viennent de mourir au large de la Grèce.

Pour des raisons morales, mais aussi pour résister aux idées qui favoriseraient l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite, il est temps de prendre nos responsabilités en rétablissant la vérité des faits. Ainsi, alors que nous sortons de la « bataille des retraites », ne faut-il pas dire que si on se privait des cotisations des travailleurs étrangers, ce n’est pas sur 64 ans que porterait le débat concernant l’âge de départ légal qui assurerait l’équilibre du système, mais plutôt sur 67 ou 68 ans ? Selon L’INSEE, il y avait 7,7 % d’étrangers en France en 2021, mais aussi 15 % d’entrepreneurs étrangers. Par ailleurs, on ne compte plus les patrons qui souhaitent embaucher un jeune étranger dans la restauration ou le bâtiment et à qui les préfectures opposent un refus. Enfin il faut savoir qu’en supprimant l’accès aux soins aux exilés, on ne pourrait que renforcer le risque épidémique et les crises sanitaires. Alors que l’Europe plaide pour une fermeture toujours accrue à l’immigration, la France doit rester une terre d’accueil pour les Ukrainiens, mais aussi pour les autres réfugiés et migrants.

Quiz sur le discours et programme économique et social du RN

Attac-54 a engagé depuis quelques mois déjà un travail sur la déconstruction du discours/programme économique et social du Rassemblement National. Ce travail a notamment débouché sur l’établissement d’un Quiz pour faire comprendre, sous une forme ludique, la réalité qui se cache sous les discours lénifiants du RN. Nous allons partager ce Quiz ici avec vous dans les mois à venir, en le divisant en quelques grands thèmes. N’hésitez pas à nous faire des retours ou des propositions (contact@attac54.org). Ce mois-ci, nous parlerons Pouvoir d’achat et Logement.

Partie 1 : Pouvoir d’achat/Logement

Question 1

Pour améliorer le pouvoir d’achat, le RN veut :

A – Permettre aux entreprises d’effectuer une hausse des salaires de 10 % jusqu’à trois fois le SMIC, sans hausse des cotisations patronales.

B – Revaloriser de 10 % les salaires des fonctionnaires, revaloriser les bourses  étudiantes au niveau de l’inflation, en taxant les superprofits.

Question 2

Concernant l’encadrement des salaires dans les entreprises, pour limiter l’écart entre les salaires les plus faibles et les plus élevés, le RN y est :

A – Favorable.

B – Défavorable.

Question 3

Lors d’une discussion en commission des affaires sociales de l’Assemblée sur la proposition d’augmenter le SMIC à 1600 €, le RN s’est prononcé :

A – Contre cette augmentation du SMIC.

B – Pour cette augmentation du SMIC.

Question 4

En matière de logement, le RN veut :

A – Développer le parc de logements sociaux, grâce notamment aux partenariats public/privé.

B – Faciliter l’accès des jeunes couples à la propriété en octroyant un prêt public à taux 0 (jusqu’à 100 000€), qui sera transformé en don dès le 3ème enfant.

Question 5

La loi Kasbarian criminalise les locataires menacés d’expulsion et ceux qui se réfugient dans un local vide. La peine encourue est de 3 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende. Le RN a :

A – voté pour cette  loi à l’Assemblée nationale

B – voté contre cette  loi à l’Assemblée nationale

==> Pour voir les réponses et les commentaires : cliquez en haut à droite de la page sur « Menu », puis « Quiz sur le RN – Réponses ».

Macron prépare la venue du RN au pouvoir (Édito – mai 2023)

Nous vivons une situation sociale tendue marquée par une mobilisation contre la réforme des retraites, inédite tant par son intensité que par sa durée. En campant sur leurs positions, Macron et son gouvernement ont choisi délibérément de faire grandir un ressentiment qui ne peut qu’encourager le recours au RN. En effet, les opposants à la réforme n’ayant pas réussi à faire céder Macron, une dangereuse illusion tend à se répandre : « on a tout essayé, la droite, la gauche et le ‘ni droite, ni gauche’ de Macron, ça n’a pas marché, pourquoi ne pas essayer Le Pen ? »

S’ajoute à cela une banalisation de l’autoritarisme qui renforce cette hypothèse. Au-delà du 49.3 et de la promulgation précipitée de la loi, il faut aussi retenir les interdictions de manifester et l’intervention de plus en plus systématique et violente des forces de l’ordre. Darmanin est à la manœuvre et, sous prétexte de défendre la République, accentue de plus en plus le caractère répressif de l’État… Finalement, les lois liberticides et le présidentialisme exacerbé ne peuvent que favoriser Le Pen. Celle-ci n’aura pas d’état d’âme pour encore les renforcer, et les rappels réguliers du gouvernement pour la mise en œuvre d’une nouvelle loi sur l’immigration vont également dans le même sens.

Le programme économique et social du RN

Pour Attac-54, le marqueur de cette année 2023 est le travail engagé sur la déconstruction du discours du Rassemblement National, qui élargit son audience au-delà de sa base habituelle, en attirant notamment le vote d’une partie des salariés et des Français les plus défavorisés. Un quiz à destination du grand public est en cours d’élaboration, dont une première version a déjà été testée avec succès lors de deux manifestations, syndicale et associative. Une conférence avait également été organisée le 13 avril dernier, sur le thème : « La critique du programme économique et social du RN ». Le conférencier, Vincent Drezet, membre du Conseil scientifique d’Attac-France, avait ensuite participé à deux émissions sur des radios locales, dont une sur ce même sujet.Voici un condensé des propos développés lors de la conférence et de l’émission (sur RCN).

Le Rassemblement National connaît une progression générale dans le pays : dans ce qu’on appelle la « France périphérique », qui se tourne surtout vers un vote « anti-système », dans la classe moyenne grâce à son discours sur la sécurité, dans les villages et les petites villes à travers son discours sur le pouvoir d’achat. À quoi il faut ajouter un ras-le-bol général vis-à-vis des autres partis politiques.

Dernièrement, l’attitude intransigeante du gouvernement face aux manifestations répétées et massives contre la réforme des retraites a débouché sur une crise démocratique et institutionnelle. C’est le Rassemblement National, pourtant absent dans les débats et dans la rue, qui en a profité le plus, en se contentant de capter la colère populaire. Il élargit ainsi sa base électorale, sans pour autant que cela se traduise par des propositions et des actions concrètes, car il reste fidèle à ses fondamentaux, marqués du sceau de l’injustice fiscale et sociale.

Le RN n’est pas, comme il le prétend, le parti du pouvoir d’achat. Il a par exemple voté contre la revalorisation du SMIC et contre une revalorisation du salaire des fonctionnaires. S’il propose une augmentation du salaire dans les entreprises, c’est au détriment des cotisations sociales, ce qui se traduira par une dégradation de la couverture sociale qui protège d’abord les plus défavorisés.

Il veut par ailleurs privatiser l’audiovisuel public, une mesure qui s’inscrit dans ses préconisations plus générales pour une société privatisée où les services publics seraient réduits à leur plus simple expression.

Les mesures fiscales qu’il propose sont en parfaite cohérence avec le néolibéralisme ambiant et favoriseraient d’abord les plus riches : suppression des droits de donation et de succession (les classes moyennes en sont déjà exemptées, ce sont donc les 20% les plus riches qui en bénéficieraient) ; diminution de la progressivité de l’impôt sur le revenu ; dégradation des services publics ; baisse des aides et prestations sociales, et de tout ce qui atténue les inégalités (qu’il assimile à de l’assistanat) ; refus du rétablissement de l’ISF, pourtant réclamé par une grande partie de son électorat populaire.

S’il reste plutôt vague sur les questions économiques, le programme du RN est par contre très détaillé sur ses thèmes traditionnels de la sécurité et de l’immigration, sur lesquels il n’a pas changé depuis 20 ans, fidèle à son approche nationaliste et xénophobe. Pour tout ce qui touche aux libertés publiques, le RN reste donc bien un parti d’extrême droite.

En matière de fraude, sans surprise, le RN met l’accent sur la fraude aux prestations sociales, ciblant ainsi particulièrement les plus défavorisés et les immigrés (sur le thème : « On ne va quand même pas payer pour eux ! »). Mais il faut ramener cette fraude à sa juste valeur, en comparant les 2 à 3 milliards d’euros annuels qu’elle représente, à la fraude fiscale des plus riches – de l’ordre de 80 milliards d’euros –, et à la fraude aux cotisations sociales du travail et des revenus non déclarés – estimée à 20 milliards d’euros. Les ordres de grandeur ne sont pas comparables, et ne laissent pas de doute quant aux priorités à donner en la matière…

Le RN a fait de gros efforts pour apparaître comme un parti respectable. Son discours a ainsi fortement évolué sur la question de l’Europe, car ses responsables ont compris qu’ils n’accèderaient pas au pouvoir en affichant la volonté de sortir de l’euro et en se mettant à dos l’Union Européenne et les marchés financiers.

Par ailleurs, quand le gouvernement fait de la NUPES son ennemi principal, il fait le lit du RN en contribuant à sa dédiabolisation et sa normalisation.

Quant à Eric Ciotti, il fait sauter de nouvelles digues lorsqu’il déclare que la seule différence entre la droite et le RN est la capacité à gouverner.

Mais au-delà des discours de façade du RN, il est important de dévoiler la réalité des faits et des projets, et de faire comprendre à l’électorat populaire que choisir le vote RN, c’est agir contre ses propres intérêts.

L’émission radio peut être écoutée sur le lien suivant : http://www.rcn-radio.org/wp-content/uploads/2023/04/2023_04_14_dialectique_le_programme_economique_du_rn.mp3

Pour une VIème République (Édito – avril 2023)

La période que nous vivons a le mérite de mettre en lumière la nécessité d’un renouveau démocratique dans notre pays. Depuis trois mois, un mouvement social puissant, soutenu par l’opinion publique, s’oppose au projet de réforme des retraites voulu par Macron. Or celui-ci, comme son gouvernement, a refusé d’entreprendre de véritables négociations avec les syndicats, préférant utiliser tous les moyens législatifs à sa disposition pour faire passer en force un projet rejeté par la grande majorité des Français.

Aujourd’hui, même si le mouvement social n’a pas dit son dernier mot, force est de constater que nous sommes allés au terme d’un processus qui a profondément remis en cause nos institutions, à commencer par cette fonction présidentielle qui peut permettre à une seule personne d’imposer une loi n’ayant même pas été votée à l’Assemblée nationale !

Finalement, cette crise démocratique a surtout montré que la France a besoin d’une nouvelle constitution ! A nous de travailler à l’émergence du mouvement populaire qui permettra de faire naître enfin une VIème République…