Rétrospective 2024
En ce début d’année, Attac-54 vous propose en guise de clin d’oeil quelques instantanés de l’actualité politique française de l’année écoulée.
Merci aux auteurs des dessins, qui nous ont aimablement autorisé à reproduire certaines de leurs caricatures parues dans Le Canard Enchaîné.
Janvier
Gabriel Attal est nommé Premier ministre. À 34 ans, il est le plus jeune Premier ministre de la Ve République. Il succède à Elisabeth Borne, remerciée sans ménagement par Macron. Dès sa prise de fonction, il doit composer avec la fronde des agriculteurs, qui accapare son agenda.

Février
La colère des agriculteurs ne faiblit pas. Macron est sévèrement chahuté lors de son passage au salon de l’agriculture à Paris. Le principal syndicat, la FNSEA, chantre d’une agriculture intensive et productiviste, réclame, entre autre, un abaissement des normes et l’abandon du plan écophyto qui visait à réduire sensiblement l’utilisation des pesticides d’ici à 2030. Il va réussir à faire céder le gouvernement sur la plupart de ses revendications.

Mars
La France est le premier pays au monde à inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution, embarrassant au passage la droite et l’extrême droite, tous deux majoritairement favorables à son interdiction.

Avril
Après le sport et le cinéma, c’est l’hôpital qui rejoint la vague #MeToo.

Mai
La campagne pour les élections européennes de juin bat son plein. Le RN a le vent en poupe dans les sondages, malgré les casseroles qu’il traîne derrière lui (affaire des assistants parlementaires, emprunt russe…), malgré les dérapages verbaux de certains de ses affidés, malgré ses liens attestés depuis longtemps avec le pouvoir russe qui mène une guerre expansionniste en Ukraine.

Juin
Coup de tonnerre après les élections européennes dont le RN est sorti vainqueur : Macron décide sur un coup de tête de dissoudre l’Assemblée nationale. Les Français doivent retourner aux urnes pour des législatives que le parti de Marine Le Pen espère remporter haut la main. Macron joue le sort du pays sur un coup de dé, et va ainsi créer une instabilité gouvernementale inédite dans la Ve République. On dit merci qui ?

Juillet
Macron décrète une « trève politique » pour cause de Jeux Olympiques, dont il espère qu’ils vont ressouder les Français derrière leurs athlètes. Avec une surenchère quelque peu ridicule pour attester que la Seine sera suffisamment propre pour que certaines épreuves de natation puissent s’y dérouler, la maire de Paris Anne Hidalgo et la ministre des sports Amélie Oudéa-Castera se font la concurrence pour piquer chacune de son côté une tête, largement médiatisée, dans la Seine. Politique-spectacle, quand tu nous tiens !

Août
Les différentes composantes du NFP arrivent finalement à se mettre d’accord sur le nom d’une candidate pour le poste de Premier ministre : Lucie Castets, haute fonctionnaire et conseillère aux finances à la mairie de Paris. Macron, faisant fi du résultat des élections législatives qui avaient placé le NFP en tête, refuse de la nommer, confirmant sans surprise son tropisme droitier.

Septembre
Le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal continue durant 51 jours – une première dans la Ve république ! – de gérer les affaires courantes pendant la « trève olympique » estivale. La démission n‘est effective que le 5 septembre, jour de la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre. Bruno Lemaire obtient un poste d’enseignant en économie en Suisse. Il aura été ministre de l’économie durant sept ans, et laisse les finances du pays dans un triste état, avec une dette publique augmenté de 900 millliards d’euros pendant cette seule période. Certes il y a eu des crises à surmonter, mais les multiples et importants cadeaux fiscaux accordés aux plus riches et aux grandes entreprises sont aussi passés par là.

Octobre
Après le spectacle des longues hésitations présidentielles pour le choix d’un premier ministre, les Français assistent à celui des non moins longues et laborieuses tergiversations de ce dernier, Michel Barnier, pour composer son gouvernement, qui au final – mais est-ce vraiment une surprise ? –, penche très nettement à droite.

Novembre
Le gouvernement de Michel Barnier, dont la survie est tributaire du bon-vouloir de Marine Le Pen et de son parti, fait de nombreuses concessions à l’extrême droite, contribuant ainsi à la progression et la banalisation de ses idées. Mais ces compromissions resteront vaines, puisqu’il deviendra, avec ses 91 jours de longévité, le gouvernement le plus éphémère de toute l’histoire de la Ve République.

Décembre
Car ce qui devait arriver arriva. À force de passer sous les fourches caudines du RN, Barnier a fini par comprendre que la surenchère lepéniste n’aura pas de fin. Il se rebiffe sur la question de la désindexation des retraites. Marine Le Pen a alors toussé et… le gouvernement Barnier est tombé. Elle a mis à exécution sa menace de voter une motion de censure déposée par la gauche, menace qui, telle une épée de Damoclès, n’avait cessé de planer au-dessus de la tête du gouvernement depuis trois mois.
