ATTAC-54

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Catégorie : Autres articles

Haro sur la science ?

Les avancées de la science ont fortement modelé depuis plusieurs générations notre mode de vie et notre travail, elles ont été synonymes de progrès constant et de mieux-être. Bien sûr, il s’est toujours trouvé quelques « marchands de doute » – efficaces relais des grands groupes qui les rémunéraient avec pour seule boussole les gains financiers – pour remettre habilement en cause dans les médias les acquis de la science. Ainsi en a-t-il été par exemple des conséquences du tabagisme sur la santé, des effets nocifs des pesticides, des pluies acides, du trou d’ozone, et aujourd’hui du réchauffement climatique. Mais devant l’accumulation des peuves, la vérité a toujours fini par s’imposer.

Pourtant, les attaques contre la science gagnent du terrain depuis quelques années, avec notamment le développement d’internet, des réseaux sociaux, des médias numériques et la dérégulation de l’information. Longtemps anecdotiques, elles ont accédé à une nouvelle visibilité et une audience démultipliée, aidées en cela par les médias très actifs de la complosphère, qui n’ont pas manqué de s’en faire les promoteurs.

La tendance est particulièrement marquée dans les pays qui ont vu des gouvernements autoritaires et réactionnaires accéder au pouvoir, comme la Hongrie, l’Inde, l’Argentine, et maintenant les États-Unis : le résultat des élections américaines a redonné un nouvel élan à ce mouvement, avec le duo Trump-Musk qui s’en est fait le chantre jusqu’à la caricature. Il s’agit pour eux de rejeter les connaissances qui ne sont pas en accord avec leur idéologie, leurs croyances ou leurs intérêts. En voici deux exemples éloquents : l’administration Trump a supprimé sur les sites gouvernementaux des milliers de jeux de données relatifs au climat, à l’environnement ou au genre ; elle a par ailleurs procédé à des coupes budgétaires drastiques entrainant le licenciement de centaines de scientifiques et d’experts de ces questions.

Ces attaques contre la science vont par ailleurs de conserve avec celles qui visent les services publics – accusés de tous les maux –, les femmes ou encore les minorités. Elles constituent l’une des manifestations de la progression des idées réactionnaires.

En France aussi, ces idées se diffusent partout, jusque dans les plus hautes sphères de l’Etat. Il y a eu l’exclamation de Nicolas Sarkozy « L’écologie, ça commence à bien faire », puis l’accusation d’ « éco-terrorisme » lancée par Gérald Darmanin à l’encontre des écologistes, ainsi que sa tentative avortée de dissoudre « Les amis de la Terre ». Il y a eu l’anathème « islamo-gauchisme » jeté à des scientifiques jusque dans l’enceinte de l’Assemblée nationale. Et n’oublions pas la réduction de la part du financement de l’Enseignement supérieur et de la recherche dans le budget 2025… Les signes inquiétants ne manquent pas. En témoignent également les remises en cause récentes d’organismes comme l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie), l’INRAE (Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement) ou l’OFB (Office Français de la Biodiversité).

Les résultats scientifiques ne relèvent pas d’une opinion, ils sont l’aboutissement d’une démarche rigoureuse, passée par le filtre du jugement par les pairs. Il est essentiel que les scientifiques puissent conserver leur liberté académique et rester indépendants des aléas du pouvoir politique.

L’empreinte carbone du chocolat

Oh les relous qui viennent nous culpabiliser avec le chocolat, maintenant… Alors quand c’est pas la bagnole ou l’avion qu’on utilise trop souvent, la viande de bœuf qu’on mange trop, maintenant c’est par le chocolat qu’on pèche ?

Mais non… Enfin si, un peu… 

D’où vient l’impact carbone du chocolat ? Eh bien, pas tant du transport (quand bien même les cacaoyers ne poussent pas sous nos latitudes…) que de la déforestation : la culture croissante du cacao exige de plus en plus de sols, donc de déforestation. En vingt ans, on est passés de 4 millions d’hectares de terres cultivées en cacao dans le monde à 12 millions, donc autant d’hectares déforestés, autant de forêts stockant le carbone qui ont cessé d’exister.

Ajoutons à cela les conditions de travail très dégradées des paysans producteurs qui font un travail harassant tout en respirant des produits chimiques particulièrement toxiques, ainsi que cela est raconté dans le livre autobiographique de l’auteur camerounais Samy Manga, Chocolaté, Le goût amer de la culture du cacao.

Samy Manga était présent à Nancy en avril 2024 lors du festival Livres d’Ailleurs ; à cette occasion il s’est rendu auprès de collégiens à qui il a expliqué comment travaillait son grand-père mort trop jeune de son travail et avec qui il dialogue dans son livre :

  • Grand-père, pourquoi ces gens prennent tout notre cacao ?
  • Parce qu’il leur appartient, fiston.
  • Grand-père, ce cacao vient de notre plantation.
  • Oui, mais c’est pour eux que nous travaillons cette plantation depuis des générations.
  • Grand-père, nous ne sommes pas des esclaves.
  • En quelque sorte, oui.

Les petits producteurs de cacao tels le grand-père de Samy Manga sont désarmés face aux géants Mars, Ferreiro, Mondelez, Nestlé, Hershey’s, Lindt et Sprüngli, pour ne citer que les plus importants, les requins de l’or vert, comme les appelle Samy Manga.

Que faire alors ? Aussi vertueux que nous soyons au quotidien en n’achetant que du chocolat bio et équitable (ce qui nous laisse supposer que, peut-être, les petits producteurs ont été respectés), en n’achetant que du chocolat en provenance du Pérou (un des rares pays qui cultive son cacao sans déforester), même mis bout à bout, ces petits gestes n’auront pas un grand impact. De plus, ils ne sont pas accessibles à tous : entre une plaque de chocolat « vertueuse » et une autre issue des circuits habituels, l’écart de prix est vertigineux.

Or l’Union Européenne peut imposer aux grands groupes cités plus haut de produire d’une manière plus respectueuse des travailleurs et de l’environnement. Elle s’est ainsi dotée en 2023 d’un règlement qui vise à interdire la mise sur le marché européen de produits ayant contribué à la déforestation. On attend juste sa mise en application. Et on espère très fort qu’il ne sera pas vidé de sa substance entretemps.

Allez, vous reprendrez bien encore un petit chocolat ? En espérant qu’on ne vous a pas coupé l’appétit, car ce n’est pas le but. Vivons, soyons heureux, mais soyons vigilants.

Si la BNP nous était contée…

Etablir son empreinte carbone est devenu très tendance. BNP Paribas propose ce service sur son site web et fournit aux utilisateurs des conseils pour améliorer leur impact sur l’environnement. Car elle a le souci de l’environnement : « Évaluation de l’empreinte carbone : 1ere marche vers la décarbonation » peut-on lire sur son site web. Communication, communication…

De quelle manière BNP Paribas emprunte-t-elle cette « 1ere marche » ? Plusieurs organismes ont entrepris d’évaluer l’empreinte carbone de la si vertueuse banque. Si leurs chiffres diffèrent quelque peu, ils se rejoignent sur l’essentiel : la BNP a une empreinte carbone supérieure à celle d’un pays comme la France ! Si si, vous avez bien lu : la France en-tiè-re, avec toutes ses entreprises et ses plus de 68 millions d’habitants. Sont pris en compte dans cette évaluation  les activités propres de la banque – environ 200 000 employés –, mais aussi et surtout les projets qu’elle soutient et les financements qu’elle accorde aux entreprises, aux États et aux particuliers.

Elle finance ainsi largement l’agro-industrie. Mais c’est dans le secteur de l’énergie qu’elle excelle : il concerne près de la moitié de ses financements, pour l’essentiel dans les énergies fossiles (pétrole et gaz). Elle détient même la palme du premier soutien des projets d’énergies fossiles auprès des huit plus grandes compagnies pétrolières et gazières  européennes et nord-américaines. Et porte donc une lourde responsabilité dans la crise climatique en cours.

C’est ce qui a amené trois associations – Oxfam France, Notre Affaire à Tous et Les Amis de la Terre – à assigner BNP Paribas en justice en 2023, après que celle-ci est restée sourde aux tentatives de dialogue que ces associations avaient menées pour que la banque cesse de soutenir les nouveaux projets pétroliers et gaziers. Qu’une banque doive répondre devant la justice pour ses investissements et financements constitue une première mondiale ! Cela a permis quelques avancées : la BNP s’est par exemple engagée en 2023 à cesser le financement de projets « de développement de nouveaux champs pétroliers et gaziers ». Mais il faut relativiser, car les investissements directs (acquisition d’actions par exemple) représentent moins de 5% de son financement dans les énergies fossiles. Elle peut ainsi sans se dédire continuer à financer les entreprises qui interviennent dans l’expansion du secteur.

Autre domaine où la BNP est très active à travers ses financements : celui de l’armement. Elle est le principal bailleur de fonds européen des entreprises qui fournissent l’armée israélienne, et a participé à une levée de fonds de l’État d’Israël quelques mois après le début du conflit à Gaza : l’ensemble représente plus de 5 milliards d’euros. Elle contribue donc largement à financer la guerre que le gouvernement israélien mène contre le peuple palestinien. Les déclarations de la banque sur ses démarches éthiques ou autres activités vertueuses ne pèsent pas lourd face à cet état de fait.

Ne serait-il pas temps d’instaurer une régulation publique pour encadrer les activités des banques, afin que cessent enfin ces investissements qui participent activement aux malheurs du monde ?

« La banque d’un monde qui change » est le slogan de la BNP. Au regard de ses activités, il serait d’utilité publique de « changer de banque pour changer le monde ».

La sécurité sociale alimentaire, une utopie ?

Restos du cœur, restaurants municipaux destinés aux SDF, collectes alimentaires à l’entrée des supermarchés… Et si tout cela devenait obsolète parce que, tout simplement, le droit à une alimentation correcte serait, comme le droit à la santé, couvert par la Sécurité sociale ? Pour rappel, notre Sécurité sociale est issue des travaux du Conseil National de la Résistance qui, en 1944, proposait dans son programme un « plan complet de Sécurité sociale visant à assurer, à tous les citoyens, des moyens d’existence dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail ».

Parce que le droit à l’alimentation est en péril : les aliments coûtent de plus en plus cher, et de plus en plus de gens se serrent la ceinture, voire ne mangent pas à leur faim. Ou mangent mal : la malbouffe ne coûtant pas cher, elle devient quotidienne pour nombre d’entre nous. Avec des dépenses de santé de plus en plus importantes pour la collectivité, à cause des pathologies, parfois lourdes, induites par ce type d’alimentation. Et tout cela se passe en France. Et ce n’est pas seulement dû à la pauvreté ou la précarité.

Mettre en place une Sécurité sociale de l’alimentation – financée comme la Sécurité sociale santé par des cotisations sociales payées par les employeurs et les salariés – permettrait à tout le monde, quels que soient nos revenus, d’être correctement alimenté. La nourriture bio, saine et locale cesserait d’être un luxe pour devenir le minimum auquel nous aurions toutes et tous un droit inconditionnel.

Parce que si la solidarité nationale coûte cher, ne rien faire coûte encore plus cher. Et  si la solidarité nationale coûte cher, ce sont les générations à venir qui en profiteront, dans une société où les gens seront bien soignés et bien nourris. Ça vaut le coup, non ?

L’Éducation Nationale : une école en situation de handicap !

Alors que nous fêtons le 20ème anniversaire de la loi du 11 février 2005 – loi qui accorde le droit à l’accès au service public de l’Éducation pour les enfants ou adolescents handicapés – qu’en est-il concrètement, aujourd’hui, sur le terrain ?

Favoriser l’inclusion des enfants en situation de handicap à l’école, dès la maternelle et ce jusqu’au lycée ? Une vraie bonne idée au départ, qui prône la tolérance, pourfend la discrimination et redonne de l’espoir aux jeunes parents qui ont à faire le deuil de l’enfant au parcours rêvé. Mais cette proposition d’inclusion n’est viable que si l’on s’en donne les moyens… et des moyens humains avant tout. C’est bien là que le bât blesse.

Depuis 2005, la scolarisation des enfants handicapés a triplé : 134 000 en 2004, 436 000 en 2022. Ce n’est pas le cas du nombre d’AESH (Accompagnantes* des Élèves en Situation de Handicap) embauchées pour les accompagner.

En exemple, cette école élémentaire accueillant neuf élèves handicapés pour lesquels la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) a notifié une scolarisation avec accompagnement humain, et qui ne se voit attribuer, à la rentrée, que quatre AESH ! Le compte n’y est pas, et ce scénario est loin d’être unique.

À ceci viennent s’ajouter des conditions de travail telles que les démissions se font de plus en plus nombreuses :

  • les AESH accompagnent des enfants aux handicaps très divers, souffrant de troubles autistiques et du comportement parfois sévères. Elles vivent de réels épisodes de violence : insultes, morsures, coups de pied… Ces troubles relèvent d’éducateurs spécialisés (trois ans de formation) exerçant en ITEP (Institut Thérapeutique Educatif et Pédagogique) ou en IME (Institut Médico-Educatif), établissements qui en sont à deux ans de liste d’attente pour accueillir un nouvel enfant ; avant les AESH accompagnaient des enfants souffrant de troubles DYS – dyslexie, dysgraphie, dyspraxie, dyscalculie… –, nécessitant qu’on les aide à hiérarchiser et décomposer les tâches demandées par l’enseignant ;
  • leur formation pour ce public devenu très spécialisé est limitée à 60 heures ;
  • il arrive fréquemment qu’elles partagent leurs temps entre des enfants d’établissements différents et, en dépit des déplacements incessants que cela nécessite, ne sont aucunement dédommagées de leurs frais kilométriques. Mais sûrement considère-t-on que ce n’est pas un souci, étant donné qu’elles gagnent quand même 900 €/mois ! N’est-ce pas royal ?
  • Elles sont très régulièrement déplacées, même si elles avaient noué un lien positif et motivant avec un enfant aux besoins particuliers. L’aspect relationnel n’est tout simplement pas pris en compte.

Notre gouvernement actuel, dont l’Éducation ne semble pas être la priorité, fait la sourde oreille aux demandes de revalorisation de ce type d’emplois précaires, mais indispensables.

Faut-il avoir un enfant handicapé pour être sensible à la cause ? Comme par exemple Bruno BONNEL – député de la majorité présidentielle – qui avait appuyé un amendement déposé à l’Assemblée nationale par François RUFFIN pour une revalorisaton des salaires des AESH.

Le fait qu’un enfant handicapé soit mal (à temps partiel) ou non accompagné a pour conséquence de mettre en souffrance tout le monde dans sa classe : lui-même car il vit une situation inadaptée à ses besoins, l’enseignant qui doit déjà composer avec une classe surchargée et des élèves aux profils et difficultés variés, ses camarades qui subissent ses crises, parfois violentes et son mal-être du fait qu’il ne se trouve pas au bon endroit. Être plongé dans une classe de 28 élèves est, pour un enfant présentant des troubles autistiques, une situation d’une violence extrême qu’il va exprimer à sa manière. L’AESH est alors indispensable pour l’accompagner hors de la classe et lui apporter le réconfort nécessaire. Encore faut-il être formée pour cela !

L’inclusion, à l’école, des enfants en situation de handicap avec des moyens adaptés, OUI ! À tout prix et sans moyens suffisants, NON !

*  Les hommes à ce type de poste étant très peu nombreux, le féminin sera utilisé pour désigner les AESH.

Le coin des livres

Voici une note de lecture concernant le dernier livre d’Attac co-écrit avec la dessinatrice VAP.

L’évasion fiscale – Toute une histoire

Le ton est donné dès la couverture qui représente une pauvre statue de la liberté affublée d’une épuisette déchirée avec laquelle elle tente de récupérer l’argent qui s’envole… Liberté et argent : pas de liberté sans argent ? C’est en tout cas le fil rouge de ce livre : le jour où on aura réglé le problème de l’évasion fiscale, ce jour-là on aura des services publics dignes de ce nom, accessibles à tous et efficaces, et on pourra se livrer à une véritable transition écologique. Bref, chacun.e de nous pourra vivre dignement et librement.

Une fois ce constat posé, l’indignation du lecteur grimpe d’un cran à la lecture de chacun des six chapitres de ce livre dont l’objectif est de faire de chacun.e de nous des gens avertis quant aux problématiques fiscales : connaître pour mieux combattre. Ce livre n’a pas la prétention de faire de nous des experts, mais simplement (et c’est déjà beaucoup !) de nous expliquer dans un langage clair comment l’article 13 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 est complètement vidé de sa substance par nombre d’entreprises et de particuliers les plus riches (« une contribution commune est indispensable ; elle doit être également répartie entre les citoyens, en raison de leurs facultés»). Et c’est donc mécaniquement sur les plus modestes, les plus pauvres que repose l’essentiel de l’effort commun. Savoir cela, connaître quelques-unes des astuces des plus riches pour se soustraire à l’impôt, s’en indigner… est un premier pas d’un long chemin.

Chacun des six chapitres est écrit dans un langage clair et accessible et illustré par quelques pages de bande dessinée autour des aventures douces-amères de Louise qui tente de percer les secrets de l’évasion fiscale, une Louise plutôt sympathique qui rendrait presque amusantes les questions de droit fiscal, si la réalité n’était pas si sordide !

L’évasion fiscale – Toute une histoire, Attac et VAP, Éditions de l’Atelier, 18 euros.

Rétrospective 2024

En ce début d’année, Attac-54 vous propose en guise de clin d’oeil quelques instantanés de l’actualité politique française de l’année écoulée.

Merci aux auteurs des dessins, qui nous ont aimablement autorisé à reproduire certaines de leurs caricatures parues dans Le Canard Enchaîné.

Janvier

Gabriel Attal est nommé Premier ministre. À 34 ans, il est le plus jeune Premier ministre de la Ve République. Il succède à Elisabeth Borne, remerciée sans ménagement par Macron. Dès sa prise de fonction, il doit composer avec la fronde des agriculteurs, qui accapare son agenda.

L. Thouron, paru dans Le Canard Enchaîné

Février

La colère des agriculteurs ne faiblit pas. Macron est sévèrement chahuté lors de son passage au salon de l’agriculture à Paris. Le principal syndicat, la FNSEA, chantre d’une agriculture intensive et productiviste, réclame, entre autre, un abaissement des normes et l’abandon du plan écophyto qui visait à réduire sensiblement l’utilisation des pesticides d’ici à 2030. Il va réussir à faire céder le gouvernement sur la plupart de ses revendications.

D. Aranega, paru dans Le Canard Enchaîné

Mars

La France est le premier pays au monde à inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution, embarrassant au passage la droite et l’extrême droite, tous deux majoritairement favorables à son interdiction.

L. Thouron, paru dans Le Canard Enchaîné

Avril

Après le sport et le cinéma, c’est l’hôpital qui rejoint la vague #MeToo.

L. Thouron, paru dans Le Canard Enchaîné

Mai

La campagne pour les élections européennes de juin bat son plein. Le RN a le vent en poupe dans les sondages, malgré les casseroles qu’il traîne derrière lui (affaire des assistants parlementaires, emprunt russe…), malgré les dérapages verbaux de certains de ses affidés, malgré ses liens attestés depuis longtemps avec le pouvoir russe qui mène une guerre expansionniste en Ukraine.

P. Chappatte, paru dans Le Canard Enchaîné

Juin

Coup de tonnerre après les élections européennes dont le RN est sorti vainqueur : Macron décide sur un coup de tête de dissoudre l’Assemblée nationale. Les Français doivent retourner aux urnes pour des législatives que le parti de Marine Le Pen espère remporter haut la main. Macron joue le sort du pays sur un coup de dé, et va ainsi créer une instabilité gouvernementale inédite dans la Ve République. On dit merci qui ?

P. Chappatte, paru dans Le Canard Enchaîné

Juillet

Macron décrète une « trève politique » pour cause de Jeux Olympiques, dont il espère qu’ils vont ressouder les Français derrière leurs athlètes. Avec une surenchère quelque peu ridicule pour attester que la Seine sera suffisamment propre pour que certaines épreuves de natation puissent s’y dérouler, la maire de Paris Anne Hidalgo et la ministre des sports Amélie Oudéa-Castera se font la concurrence pour piquer chacune de son côté une tête, largement médiatisée, dans la Seine. Politique-spectacle, quand tu nous tiens !

Urbs, paru dans Le Canard Enchaîné

Août

Les différentes composantes du NFP arrivent finalement à se mettre d’accord sur le nom d’une candidate pour le poste de Premier ministre : Lucie Castets, haute fonctionnaire et conseillère aux finances à la mairie de Paris. Macron, faisant fi du résultat des élections législatives qui avaient placé le NFP en tête, refuse de la nommer, confirmant sans surprise son tropisme droitier.

Aurel, paru dans Le Canard Enchaîné

Septembre

Le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal continue durant 51 jours – une première dans la Ve république ! – de gérer les affaires courantes pendant la « trève olympique » estivale. La démission n‘est effective que le 5 septembre, jour de la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre. Bruno Lemaire obtient un poste d’enseignant en économie en Suisse. Il aura été ministre de l’économie durant sept ans, et laisse les finances du pays dans un triste état, avec une dette publique augmenté de 900 millliards d’euros pendant cette seule période. Certes il  y a eu des crises à surmonter, mais les multiples et importants cadeaux fiscaux accordés aux plus riches et aux grandes entreprises sont aussi passés par là.

D. Aranega, paru dans Le Canard Enchaîné

Octobre

Après le spectacle des longues hésitations présidentielles pour le choix d’un premier ministre, les Français assistent à celui des non moins longues et laborieuses tergiversations de ce dernier, Michel Barnier, pour composer son gouvernement, qui au final – mais est-ce vraiment une surprise ? –, penche très nettement à droite.

Urbs, paru dans Le Canard Enchaîné

Novembre

Le gouvernement de Michel Barnier, dont la survie est tributaire du bon-vouloir de Marine Le Pen et de son parti, fait de nombreuses concessions à l’extrême droite, contribuant ainsi à la progression et la banalisation de ses idées. Mais ces compromissions resteront vaines, puisqu’il deviendra, avec ses 91 jours de longévité, le gouvernement le plus éphémère de toute l’histoire de la Ve République.

Chappatte, paru dans Le Canard Enchaîné

Décembre

Car ce qui devait arriver arriva. À force de passer sous les fourches caudines du RN, Barnier a fini par comprendre que la surenchère lepéniste n’aura pas de fin. Il se rebiffe sur la question de la désindexation des retraites. Marine Le Pen a alors toussé et… le gouvernement Barnier est tombé. Elle a mis à exécution sa menace de voter une motion de censure déposée par la gauche, menace qui, telle une épée de Damoclès, n’avait cessé de planer au-dessus de la tête du gouvernement depuis trois mois.

L. Thouron, paru dans Le Canard Enchaîné

Avec le « centriste » Bayrou, à droite toute !

Après l’éphémère gouvernement Barnier peuplé d’illustres inconnus, d’où émergeait le très réactionnaire ministre de l’Intérieur Retailleau, dont la mission était de multiplier les coups de menton susceptibles de faire vibrer les adhérents et députés du Rassemblement national*, voici maintenant l’épisode Bayrou, l’éternel « centriste », prétendument « ni de droite, ni de gauche », mais issu de l’UDF giscardienne et perpétuellement allié avec la droite.

Le but de Macron était de poursuivre coûte que coûte la même politique au service des plus riches – baisse des dépenses publiques, destruction des services publics et accroissement des inégalités – en essayant de débaucher la frange sociale-libérale de la gauche. Encore raté ! Il a dû se contenter de racler les fonds de tiroir en allant chercher par exemple un Manuel Valls, autre adepte des coups de menton sécuritaires, rallié depuis longtemps au macronisme et prêt à tout en échange de n’importe quel strapontin pour exister à n’importe quelle condition. Même avec un ou deux autres ex-socialistes de la même veine, cela ne constitue pas une majorité.

Alors, pour essayer d’éviter une nouvelle censure sans rien changer à sa politique, Macron s’est tourné une fois de plus vers l’extrême droite et multiplie les gages à son égard. Xavier Bertrand, appelé à occuper une place importante dans le gouvernement avec son image de « droite sociale », a été écarté sur ordre de Le Pen. Encore trop à gauche, sans doute… Et on recycle les valeurs sûres : Retailleau maintenu à l’Intérieur, évidemment, et Darmanin nommé… à la Justice. Il est souvent de mise, même dans un gouvernement de droite, de nommer à l’Intérieur un matamore avec pour mission de montrer les muscles du gouvernement, et à la Justice un « modéré » chargé de rappeler poliment l’état de droit quand l’autre dépasse les bornes. Cette fois, ils n’ont même pas pris la peine de mettre en scène ce duo « méchant flic/bon flic » : Darmanin, fidèle à lui-même, se répand dans les médias en claironnant quelques mesurettes de nature à faire plaisir à l’extrême droite et à masquer l’insuffisance des moyens alloués à cette institution qui en manque cruellement.

Macron va-t-il jouer encore longtemps à ce petit jeu de la course à l’échalote avec l’extrême droite ou va-t-il se décider enfin à tenir compte du suffrage populaire et à nommer un premier ministre issu du Nouveau Front Populaire, à charge pour celui-ci de mener une politique plus conforme aux intérêts de la population en négociant des soutiens texte par texte ? Encore faut-il que les partis membres de cette coalition « jouent collectif » et ne tirent pas dans tous les sens par des stratégies et des initiatives individuelles.

Car en attendant, c’est l’extrême droite qui monte et se rapproche du pouvoir.

* Associer le terme de « Rassemblement » à l’extrême-droite, dont la principale caractéristique est la division – Français/étrangers, travailleurs/chômeurs, salariés du privé/fonctionnaires – est un oxymore et une imposture.

L’homme (avec un petit « h ») : coupable et immature

L’affaire Pélicot enflamme les médias depuis de longues semaines. À Attac, on s’y intéresse peu, si ce n’est pour ce qu’elle révèle de notre société patriarcale et capitaliste, de ses excès, de ses vices, de ses dérives. Ou, plutôt, finalement, de ses banalités, de son ADN, de ce qui en fonde le système.

Les affaires se multiplient. #Metoo est passé par là. On sait la majeure partie des femmes viol(ent)ées au moins une fois dans leur vie ; on sait les millions de victimes d’inceste, ne serait-ce qu’en France. On sait tout ça. Mais ça ne suffit pas à remettre en cause cette fameuse « domination masculine », encore moins à ébranler les bases de cette société patriarcale.

Tout comme on sait que la planète brûle, que le réchauffement planétaire est excessif, que la biodiversité est menacée, que 6 limites planétaires sur 9 sont d’ores et déjà dépassées. L’Homme domine la planète et se comporte tel un enfant gâté avec son jouet.

L’homme (vis-à-vis de la femme) et l’Homme (vis-à-vis de la planète) sont coupables, tous les deux, de ce qu’ils engendrent. Pour l’heure, ils restent immatures à se repaître encore et toujours dans le mépris et la destruction sans limites.

Même pas sûrs que la fin du capitalisme – le jour où il adviendra – mette fin à ce « patriarcat écocide » !

Dans le cadre de ce combat mené contre les violences sous toutes leurs formes (privées, institutionnelles, religieuses, etc.), dont les femmes sont victimes, le planning familial 54 a lancé récemment un appel qu’il nous a semblé intéressant de joindre ici.

Les cahiers de doléances sous Macron : anachronisme ou oxymore ?

Vous souvenez-vous des cahiers de doléances ? Ceux de 1789 ? Ils ont constitué une voie privilégiée pour recueillir et entendre la voix des différentes composantes de la société de l’époque : le clergé, la noblesse et le tiers état (autrement dit, le reste de la population, le peuple au sens large). Remontrances et réclamations adressées directement au Roi. Carrément !

Mais pour en faire quoi ? Pour décider quoi ?

Ces cahiers ont constitué un des ingrédients de la Révolution Française, et ne sont pas totalement étrangers à certains contenus de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789.

A moins que vous ne vous souveniez plutôt des cahiers de doléances de 2019 ?  Sous le règne Macron 1, la terre a tremblé. Les Gilets Jaunes ont occupé les ronds-points autant que les esprits (révolutionnaires eux aussi, parfois). Emmanuel Macron a appelé à la rédaction de cahiers de doléances dans chaque ville et village de France, pour recueillir et entendre la voix du peuple.

Mais pour en faire quoi ? Pour décider quoi ?

Coup de communication, détournement de l’attention, contre-feu… Tout, sauf une réelle volonté de s’en inspirer, d’y puiser quelque ressource digne de son attention. Que sont devenues ces 200 000 contributions citoyennes rassemblées en près de 20 000 cahiers ? Quels enseignements en a-t-il tiré ? Aucun, que croyez-vous ? Le roi Macron 1er, l’auto-proclamé « révolutionnaire », est incapable de considérer avec un peu de dignité celles et ceux qui, pour lui, « ne sont rien ».

Fabrice Dalongeville, maire d’Auger-Saint-Vincent (dans l’Oise), dont l’idée a inspiré Emmanuel Macron, appelle à sortir ces cahiers de la naphtaline. Il a donc réalisé, avec Hélène Desplanques, le film-documentaire Les doléances.

ATTAC-54 s’empare de cet appel et va essayer de mettre en place en début d’année une projection du documentaire, suivie d’échanges sur l’action citoyenne à l’échelon local comme base de l’action politique nationale. Parler politique, renouer ou entretenir le dialogue, créer du lien, du commun.

Tout ce que nous aimons à ATTAC. Et vous ?