ATTAC-54

Menu

Catégorie : Autres articles

Rétrospective 2024

En ce début d’année, Attac-54 vous propose en guise de clin d’oeil quelques instantanés de l’actualité politique française de l’année écoulée.

Merci aux auteurs des dessins, qui nous ont aimablement autorisé à reproduire certaines de leurs caricatures parues dans Le Canard Enchaîné.

Janvier

Gabriel Attal est nommé Premier ministre. À 34 ans, il est le plus jeune Premier ministre de la Ve République. Il succède à Elisabeth Borne, remerciée sans ménagement par Macron. Dès sa prise de fonction, il doit composer avec la fronde des agriculteurs, qui accapare son agenda.

L. Thouron, paru dans Le Canard Enchaîné

Février

La colère des agriculteurs ne faiblit pas. Macron est sévèrement chahuté lors de son passage au salon de l’agriculture à Paris. Le principal syndicat, la FNSEA, chantre d’une agriculture intensive et productiviste, réclame, entre autre, un abaissement des normes et l’abandon du plan écophyto qui visait à réduire sensiblement l’utilisation des pesticides d’ici à 2030. Il va réussir à faire céder le gouvernement sur la plupart de ses revendications.

D. Aranega, paru dans Le Canard Enchaîné

Mars

La France est le premier pays au monde à inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution, embarrassant au passage la droite et l’extrême droite, tous deux majoritairement favorables à son interdiction.

L. Thouron, paru dans Le Canard Enchaîné

Avril

Après le sport et le cinéma, c’est l’hôpital qui rejoint la vague #MeToo.

L. Thouron, paru dans Le Canard Enchaîné

Mai

La campagne pour les élections européennes de juin bat son plein. Le RN a le vent en poupe dans les sondages, malgré les casseroles qu’il traîne derrière lui (affaire des assistants parlementaires, emprunt russe…), malgré les dérapages verbaux de certains de ses affidés, malgré ses liens attestés depuis longtemps avec le pouvoir russe qui mène une guerre expansionniste en Ukraine.

P. Chappatte, paru dans Le Canard Enchaîné

Juin

Coup de tonnerre après les élections européennes dont le RN est sorti vainqueur : Macron décide sur un coup de tête de dissoudre l’Assemblée nationale. Les Français doivent retourner aux urnes pour des législatives que le parti de Marine Le Pen espère remporter haut la main. Macron joue le sort du pays sur un coup de dé, et va ainsi créer une instabilité gouvernementale inédite dans la Ve République. On dit merci qui ?

P. Chappatte, paru dans Le Canard Enchaîné

Juillet

Macron décrète une « trève politique » pour cause de Jeux Olympiques, dont il espère qu’ils vont ressouder les Français derrière leurs athlètes. Avec une surenchère quelque peu ridicule pour attester que la Seine sera suffisamment propre pour que certaines épreuves de natation puissent s’y dérouler, la maire de Paris Anne Hidalgo et la ministre des sports Amélie Oudéa-Castera se font la concurrence pour piquer chacune de son côté une tête, largement médiatisée, dans la Seine. Politique-spectacle, quand tu nous tiens !

Urbs, paru dans Le Canard Enchaîné

Août

Les différentes composantes du NFP arrivent finalement à se mettre d’accord sur le nom d’une candidate pour le poste de Premier ministre : Lucie Castets, haute fonctionnaire et conseillère aux finances à la mairie de Paris. Macron, faisant fi du résultat des élections législatives qui avaient placé le NFP en tête, refuse de la nommer, confirmant sans surprise son tropisme droitier.

Aurel, paru dans Le Canard Enchaîné

Septembre

Le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal continue durant 51 jours – une première dans la Ve république ! – de gérer les affaires courantes pendant la « trève olympique » estivale. La démission n‘est effective que le 5 septembre, jour de la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre. Bruno Lemaire obtient un poste d’enseignant en économie en Suisse. Il aura été ministre de l’économie durant sept ans, et laisse les finances du pays dans un triste état, avec une dette publique augmenté de 900 millliards d’euros pendant cette seule période. Certes il  y a eu des crises à surmonter, mais les multiples et importants cadeaux fiscaux accordés aux plus riches et aux grandes entreprises sont aussi passés par là.

D. Aranega, paru dans Le Canard Enchaîné

Octobre

Après le spectacle des longues hésitations présidentielles pour le choix d’un premier ministre, les Français assistent à celui des non moins longues et laborieuses tergiversations de ce dernier, Michel Barnier, pour composer son gouvernement, qui au final – mais est-ce vraiment une surprise ? –, penche très nettement à droite.

Urbs, paru dans Le Canard Enchaîné

Novembre

Le gouvernement de Michel Barnier, dont la survie est tributaire du bon-vouloir de Marine Le Pen et de son parti, fait de nombreuses concessions à l’extrême droite, contribuant ainsi à la progression et la banalisation de ses idées. Mais ces compromissions resteront vaines, puisqu’il deviendra, avec ses 91 jours de longévité, le gouvernement le plus éphémère de toute l’histoire de la Ve République.

Chappatte, paru dans Le Canard Enchaîné

Décembre

Car ce qui devait arriver arriva. À force de passer sous les fourches caudines du RN, Barnier a fini par comprendre que la surenchère lepéniste n’aura pas de fin. Il se rebiffe sur la question de la désindexation des retraites. Marine Le Pen a alors toussé et… le gouvernement Barnier est tombé. Elle a mis à exécution sa menace de voter une motion de censure déposée par la gauche, menace qui, telle une épée de Damoclès, n’avait cessé de planer au-dessus de la tête du gouvernement depuis trois mois.

L. Thouron, paru dans Le Canard Enchaîné

Avec le « centriste » Bayrou, à droite toute !

Après l’éphémère gouvernement Barnier peuplé d’illustres inconnus, d’où émergeait le très réactionnaire ministre de l’Intérieur Retailleau, dont la mission était de multiplier les coups de menton susceptibles de faire vibrer les adhérents et députés du Rassemblement national*, voici maintenant l’épisode Bayrou, l’éternel « centriste », prétendument « ni de droite, ni de gauche », mais issu de l’UDF giscardienne et perpétuellement allié avec la droite.

Le but de Macron était de poursuivre coûte que coûte la même politique au service des plus riches – baisse des dépenses publiques, destruction des services publics et accroissement des inégalités – en essayant de débaucher la frange sociale-libérale de la gauche. Encore raté ! Il a dû se contenter de racler les fonds de tiroir en allant chercher par exemple un Manuel Valls, autre adepte des coups de menton sécuritaires, rallié depuis longtemps au macronisme et prêt à tout en échange de n’importe quel strapontin pour exister à n’importe quelle condition. Même avec un ou deux autres ex-socialistes de la même veine, cela ne constitue pas une majorité.

Alors, pour essayer d’éviter une nouvelle censure sans rien changer à sa politique, Macron s’est tourné une fois de plus vers l’extrême droite et multiplie les gages à son égard. Xavier Bertrand, appelé à occuper une place importante dans le gouvernement avec son image de « droite sociale », a été écarté sur ordre de Le Pen. Encore trop à gauche, sans doute… Et on recycle les valeurs sûres : Retailleau maintenu à l’Intérieur, évidemment, et Darmanin nommé… à la Justice. Il est souvent de mise, même dans un gouvernement de droite, de nommer à l’Intérieur un matamore avec pour mission de montrer les muscles du gouvernement, et à la Justice un « modéré » chargé de rappeler poliment l’état de droit quand l’autre dépasse les bornes. Cette fois, ils n’ont même pas pris la peine de mettre en scène ce duo « méchant flic/bon flic » : Darmanin, fidèle à lui-même, se répand dans les médias en claironnant quelques mesurettes de nature à faire plaisir à l’extrême droite et à masquer l’insuffisance des moyens alloués à cette institution qui en manque cruellement.

Macron va-t-il jouer encore longtemps à ce petit jeu de la course à l’échalote avec l’extrême droite ou va-t-il se décider enfin à tenir compte du suffrage populaire et à nommer un premier ministre issu du Nouveau Front Populaire, à charge pour celui-ci de mener une politique plus conforme aux intérêts de la population en négociant des soutiens texte par texte ? Encore faut-il que les partis membres de cette coalition « jouent collectif » et ne tirent pas dans tous les sens par des stratégies et des initiatives individuelles.

Car en attendant, c’est l’extrême droite qui monte et se rapproche du pouvoir.

* Associer le terme de « Rassemblement » à l’extrême-droite, dont la principale caractéristique est la division – Français/étrangers, travailleurs/chômeurs, salariés du privé/fonctionnaires – est un oxymore et une imposture.

L’homme (avec un petit « h ») : coupable et immature

L’affaire Pélicot enflamme les médias depuis de longues semaines. À Attac, on s’y intéresse peu, si ce n’est pour ce qu’elle révèle de notre société patriarcale et capitaliste, de ses excès, de ses vices, de ses dérives. Ou, plutôt, finalement, de ses banalités, de son ADN, de ce qui en fonde le système.

Les affaires se multiplient. #Metoo est passé par là. On sait la majeure partie des femmes viol(ent)ées au moins une fois dans leur vie ; on sait les millions de victimes d’inceste, ne serait-ce qu’en France. On sait tout ça. Mais ça ne suffit pas à remettre en cause cette fameuse « domination masculine », encore moins à ébranler les bases de cette société patriarcale.

Tout comme on sait que la planète brûle, que le réchauffement planétaire est excessif, que la biodiversité est menacée, que 6 limites planétaires sur 9 sont d’ores et déjà dépassées. L’Homme domine la planète et se comporte tel un enfant gâté avec son jouet.

L’homme (vis-à-vis de la femme) et l’Homme (vis-à-vis de la planète) sont coupables, tous les deux, de ce qu’ils engendrent. Pour l’heure, ils restent immatures à se repaître encore et toujours dans le mépris et la destruction sans limites.

Même pas sûrs que la fin du capitalisme – le jour où il adviendra – mette fin à ce « patriarcat écocide » !

Dans le cadre de ce combat mené contre les violences sous toutes leurs formes (privées, institutionnelles, religieuses, etc.), dont les femmes sont victimes, le planning familial 54 a lancé récemment un appel qu’il nous a semblé intéressant de joindre ici.

Les cahiers de doléances sous Macron : anachronisme ou oxymore ?

Vous souvenez-vous des cahiers de doléances ? Ceux de 1789 ? Ils ont constitué une voie privilégiée pour recueillir et entendre la voix des différentes composantes de la société de l’époque : le clergé, la noblesse et le tiers état (autrement dit, le reste de la population, le peuple au sens large). Remontrances et réclamations adressées directement au Roi. Carrément !

Mais pour en faire quoi ? Pour décider quoi ?

Ces cahiers ont constitué un des ingrédients de la Révolution Française, et ne sont pas totalement étrangers à certains contenus de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789.

A moins que vous ne vous souveniez plutôt des cahiers de doléances de 2019 ?  Sous le règne Macron 1, la terre a tremblé. Les Gilets Jaunes ont occupé les ronds-points autant que les esprits (révolutionnaires eux aussi, parfois). Emmanuel Macron a appelé à la rédaction de cahiers de doléances dans chaque ville et village de France, pour recueillir et entendre la voix du peuple.

Mais pour en faire quoi ? Pour décider quoi ?

Coup de communication, détournement de l’attention, contre-feu… Tout, sauf une réelle volonté de s’en inspirer, d’y puiser quelque ressource digne de son attention. Que sont devenues ces 200 000 contributions citoyennes rassemblées en près de 20 000 cahiers ? Quels enseignements en a-t-il tiré ? Aucun, que croyez-vous ? Le roi Macron 1er, l’auto-proclamé « révolutionnaire », est incapable de considérer avec un peu de dignité celles et ceux qui, pour lui, « ne sont rien ».

Fabrice Dalongeville, maire d’Auger-Saint-Vincent (dans l’Oise), dont l’idée a inspiré Emmanuel Macron, appelle à sortir ces cahiers de la naphtaline. Il a donc réalisé, avec Hélène Desplanques, le film-documentaire Les doléances.

ATTAC-54 s’empare de cet appel et va essayer de mettre en place en début d’année une projection du documentaire, suivie d’échanges sur l’action citoyenne à l’échelon local comme base de l’action politique nationale. Parler politique, renouer ou entretenir le dialogue, créer du lien, du commun.

Tout ce que nous aimons à ATTAC. Et vous ?

Chacun devra faire sa part…

A peine nommé, le gouvernement a « découvert » une situation des finances de l’État « encore plus catastrophique » que prévu. Une surprise, peut-être… Une aubaine, surtout, pour ceux qui rêvent de politiques d’austérité et de destruction des services publics. Alors, Michel Barnier, le Premier ministre éjectable l’a déclaré : « Il va falloir faire des efforts, et chacun devra faire sa part ». Vraiment ?

La première cible de tous les néolibéraux, c’est la « dépense publique », par nature « improductive », à laquelle il faut impérativement s’attaquer, encore et toujours, pour laisser la place à la seule dépense qui vaille, celle qui résulte de l’initiative privée. Alors le budget présenté par le gouvernement pour 2025 prévoit 40 milliards d’euros d’économies dans le budget de l’État, des collectivités locales et de la Sécurité sociale.

« L’État doit montrer l’exemple ». Il fera donc « sa part »… En fait, celle des services publics et des différentes politiques publiques.
– L’éducation nationale : avec la suppression annoncée de 4 300 postes, ce sont les élèves, les enseignants, les étudiants, les chercheurs qui feront « leur part » des efforts.
– Le système de santé, déjà tellement maltraité depuis des années : avec la poursuite de la réduction des crédits affectés aux hôpitaux publics, ce sera « la part » des médecins, infirmières et autres personnels hospitaliers, et surtout des patients. Certains mourront faute de personnel et de lits en nombre suffisant aux urgences ou pendant le trajet vers des hôpitaux de plus en plus éloignés.
– La transition écologique, comme l’a déclaré en substance la ministre Agnès Pannier-Runacher : « J’assume la diminution des crédits de mon ministère, je ferai ma part en participant à l’effort nécessaire ». Sa part ? Ce ne sera pas une diminution de ses indemnités ministérielles, mais un coup de frein à la lutte – déjà dérisoire par rapport aux enjeux – contre le dérèglement climatique, la pollution et la dégradation de l’environnement. Ce sera notre part à tous et celle des générations futures.
– Mais aussi la justice, pourtant bien malmenée elle aussi, l’administrations fiscale, les organismes de contrôle des fraudes ou des réglementations sociales, environnementales, du travail, etc.

Les collectivités locales, déjà exsangues, sont « invitées » – de force – à faire « leur part » en percevant 5 milliards d’euros en moins. Elles pourront ainsi participer à l’effort général, par exemple en coupant dans les budgets des établissements sociaux et médico-sociaux, des services sociaux, de protection de l’enfance ou des personnes handicapées, en un mot des personnes les plus vulnérables.

Enfin, la Sécurité sociale fera également « sa part ».
– Les honoraires des médecins ne seront plus remboursés qu’à 60 % au lieu de 70 %, soit 1,5 milliard d’euros d’économies pour la Sécurité sociale, mais autant de dépenses – donc de cotisations – supplémentaires pour les mutuelles. Ce sera « la part » des assurés sociaux. Du moins de ceux qui peuvent se payer une mutuelle. Les autres seront encore plus nombreux à devoir s’en priver et à renoncer encore plus souvent aux soins.
– La revalorisation des pensions de retraite sera reportée de 6 mois, soit un gain de 3,6 milliards d’euros… « la part » des retraités.
– Une refonte des allègements de cotisations patronales, qui profitent principalement aux grandes entreprises sans effets avérés sur les créations d’emplois, permettrait d’économiser 4 à 5 milliards d’euros : un premier petit pas vers une mesure de justice… mais qui a été rejetée par toute la droite, des macronistes au RN.

En complément des 40 milliards d’euros d’économies, le projet de budget du gouvernement prévoit 20 milliards d’euros de fiscalité supplémentaire, ciblant principalement, nous dit-on, « les grandes entreprises et les ménages les plus fortunés ». Qu’en est-il ?
– L’augmentation prévue de la taxe sur l’électricité, dont le gouvernement espère 3 milliards d’euros, ne toucherait pas particulièrement les ménages les plus fortunés, mais la totalité des abonnés.– Une contribution exceptionnelle et temporaire, pendant deux ans, sur les bénéfices des grandes entreprises – dont le chiffre d’affaires est supérieur à 1 milliard d’euros – devrait rapporter environ 8 milliards d’euros en 2025, par le biais d’une augmentation d’au moins 20 % du taux de l’impôt sur les sociétés.
– Une surtaxe exceptionnelle et temporaire, limitée à trois ans, sur les revenus des particuliers supérieurs à 250 000 € annuels – soit 20 833 €/mois – devrait rapporter environ 2 milliards d’euros en 2025.
– Alors que Macron avait promis de supprimer la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) – un nouveau cadeau fiscal qui aurait profité essentiellement aux grandes entreprises –, le projet de budget du gouvernement repousse de trois ans la suppression de cet impôt, générant une recette supplémentaire de 1,1 milliard d’euros en 2025.

Quand on sait que les actionnaires du CAC40, à eux seuls, ont perçu 67 milliards d’euros de dividendes en 2023 et que, selon le syndicat Solidaires Finances Publiques, la fraude et l’évasion fiscales sont estimées entre 80 et 100 milliards d’euros par an, on peut l’affirmer : le compte n’y est pas, et « l’effort » de ceux qui devraient faire la plus grosse part sera bien léger au regard de leurs possibilités.

Quoi qu’il en soit, rien de tout cela n’est définitif. À l’heure où cet article est écrit, le débat sur la partie recettes du budget est en cours à l’Assemblée nationale, et le texte évolue d’une heure à l’autre. D’ores et déjà, à l’instar de la refonte des allègements de cotisations patronales, des dispositions majeures sont rejetées ou modifiées en profondeur, y compris par des groupes qui, en principe, soutiennent le gouvernement.
– La hausse de la taxe sur l’électricité a été rejetée par une majorité des députés.
– L’ensemble de la droite et de l’extrême droite, des macronistes au RN, a rejeté l’article instaurant la contribution exceptionnelle sur les grandes entreprises, après l’adoption d’un amendement de la gauche qui en augmentait le taux.
– L’assemblée a adopté un amendement pérennisant la surtaxe sur les revenus des ménages les plus fortunés, que le gouvernement voulait limiter à trois ans.
– Alors que le projet de budget ne faisait que repousser de trois ans la suppression de la CVAE, les députés en ont décidé autrement en adoptant un amendement qui, au contraire, la rétablit progressivement.
– Ils ont également voté un impôt de 2 % sur le patrimoine des contribuables les plus riches, soit 147 personnes.

On le voit, le texte issu de ces premiers débats n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’il était à l’origine. Et les députés vont ensuite débattre de la partie dépenses du budget, avant que l’ensemble soit soumis au Sénat… À moins que le premier ministre ne dégaine le 49.3 – ce qu’il peut faire à tout instant – et n’arrête un budget à sa convenance. Il n’est pas exclu alors qu’une motion de censure renverse le gouvernement si le RN, dont le soutien est déterminant mais conditionnel, le décide.

Les accords de libre-échange contre les peuples et le climat

Les années Reagan/Thatcher ont déclenché une vague de néo-libéralisme qui a déferlé sur la planète, emportant tout sur son passage. Les accords de libre-échange – bilatéraux ou multilatéraux – qui se sont multipliés depuis s’inscrivent parfaitement dans cette logique.

Leur objectif avoué est de favoriser la circulation des marchandises – en réduisant ou supprimant les barrières tarifaires et les formalités et en relevant les quotas d’importation – et des capitaux, pour faciliter les investissements à l’étranger. Mais ils ont aussi des conséquences moins avouables : en dépit des alléchantes promesses d’emplois et de prospérité avancées par leurs promoteurs – industriels, multinationales et tenants du néo-libéralisme –, ils s’accompagnent invariablement dans les pays riches de destruction d’emplois (via délocalisations et désindustrialisation), de nivellement des normes, de dumping social et salarial, tandis que dans les pays pauvres ils déstabilisent les économies rurales. Que peut par exemple le paysan andin contre le maïs américain subventionné, issu de l’agriculture intensive ?

Ces traités ou accords servent avant tout les intérêts des multinationales, au détriment de l’environnement, de la préservation de la biodiversité, de la souveraineté alimentaire des pays, des conditions de travail, de l’emploi, des droits sociaux, du bien-être animal. Ils renforcent la concurrence et favorisent le modèle extractiviste là où les défis majeurs à venir, climatiques et sociaux, devraient plutôt nous amener vers plus de coopération pour pouvoir y faire face collectivement.

Ces accords et traités instaurent par ailleurs un cadre juridique exceptionnel, hors de toute juridiction publique nationale ou internationale, qui permet à des entreprises multinationales de poursuivre un État devant un « tribunal d’arbitrage » si elles estiment que ses lois ou ses règlements pourraient leur porter préjudice. Ces tribunaux sont composés d’acteurs privés, juristes nord-américains pour la plupart, qui condamnent régulièrement les États à de lourdes amendes ou compensations, tout en captant au passage de généreux honoraires. Cette manière de détrousser les États au profit de grands groupes privés est une autre forme de nuisance de ces accords.

La seule Union Européenne (UE) a déjà signé une quarantaine de ces traités avec des pays tiers dont, récemment, le CETA conclu avec le Canada. Elle mène actuellement des négociations pour un accord de libre-échange avec les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay et Bolivie). Pour éviter toute opposition frontale, en particulier des agriculteurs qui craignent à juste titre une inondation du marché européen par la viande sud-américaine, les négociations – qui ont connu un coup d’accélérateur ces dernières semaines – se déroulent dans la plus grande opacité, sans débat démocratique et dans un relatif silence médiatique. La France est opposée à ce traité, mais elle se retrouve de plus en plus isolée dans l’UE sur le sujet.

Le collectif « Stop CETA-Mercosur » mène actuellement une campagne contre cet accord, parfois qualifié d’accord « viande contre voitures», lourd de dangers pour l’agriculture européenne, pour nos normes sanitaires, pour l’environnement, le climat et la démocratie. Il lance un appel à soutenir son combat : communiqué de presse et vidéo. Une note de l’Aitec fait le point de la situation actuelle sur le sujet : note d’actualité

Pour une Sécurité sociale de l’alimentation

Dans le cadre du « Camp Climat » du Plan B Nancy, ATTAC-54 a participé fin août à une conférence autour des thèmes de l’agriculture et de l’alimentation. Avec nos amis de la Confédération Paysanne, de LORAMAP et de Réseau Salariat, nous avons évoqué les problèmes que rencontre notre agriculture, mais nous avons aussi essayé de faire connaître la Sécurité Sociale Alimentaire.

Copiant notre système de Sécurité sociale, cet outil qui concerne la production agricole, sa transformation, sa distribution et sa consommation pourrait devenir en effet le meilleur moyen de garantir à chacun le droit à une alimentation saine. Concrètement, et sur le modèle du système de santé, une carte Vitale de l’alimentation donnerait accès à des produits conventionnés pour un montant mensuel par personne. L’ensemble du dispositif serait financé par des cotisations sociales et reposerait sur un système démocratique articulant caisses primaires locales et instances nationales.

Bien sûr, le dispositif mériterait d’être expliqué pour être partagé avec ceux qui veulent transformer notre système de l’alimentation. ATTAC-54 compte bien y contribuer, en particulier en sollicitant dans les mois à venir d’autres associations, notamment celles qui œuvrent dans le champ de la solidarité.

Pour plus d’informations : https://securite-sociale-alimentation.org

Le coin des livres

Pour cette rentrée 2024, nous mettons en lumière deux ouvrages dont les auteurs sont adhérents d’Attac-54 :

Indéfectibles, le dernier livre de Benoit FOURCHARD, est un recueil de nouvelles paru aux éditions La Lanterne et disponible en librairie. Benoit FOURCHARD est auteur de pièces de théâtre, de scénarios, de nouvelles et de romans. Il faisait partie des auteurs présents cette année à la 46e édition du Livre sur la Place.

Il suffirait d’une rose, le dernier recueil de poèmes de Bernard APPEL, est paru en 2024. Il s’agit de son huitième recueil. La Société des Poètes et Artistes de France (SPAF) a décerné en 2022 à Bernard APPEL le Grand Prix des Poètes Lorrains. Ses différents recueils peuvent être commandés sur le site : https://sites.google.com/view/bernardappel/accueil

Mobilisons-nous pour un nouveau Front populaire !

Attac répond présent à l’appel d’un nouveau Front populaire et invite ses militant·es à participer aux manifestations organisées partout en France.

L’appel pour un nouveau Front populaire a ouvert une nouvelle perspective porteuse d’espoir : celle de battre le RN les 30 juin et 7 juillet, et de faire gagner un programme de justice sociale et écologique.

Mais sous l’impulsion d’Eric Ciotti, une partie de la droite semble déterminée à offrir le pouvoir à l’extrême droite sur un plateau. En renvoyant dos-à-dos la gauche et l’extrême-droite, Emmanuel Macron poursuit sa stratégie de la terre brûlée. Mobilisons-nous pour revendiquer une vie meilleure pour toutes et tous en soutenant le Front populaire !

Déterminée à ce que les valeurs de justice sociale et environnementale, féministes et antiracistes, gagnent face au RN et au macronisme, pas une personne ne doit manquer à l’appel.

En manif, sur les marchés, par l’organisation de portes à portes, mobilisons-nous pour le front populaire ! Nous avons recensé les initiatives de mobilisation, rassemblements, argumentaires, visuels sur cette page du site d’Attac.

Ces ressources vous donneront des arguments, des idées et de la force pour participer aux mobilisations, convaincre tout autour de vous et participer activement à la lutte contre l’extrême droite avant qu’il ne soit trop tard.

L’heure est à la mobilisation, toutes et tous ensemble !

L’équipe de campagne d’Attac-France

Droites et extrêmes droites européennes sabordent le Pacte Vert

Pour répondre aux deux défis environnementaux majeurs auxquels l’humanité est confrontée –le réchauffement climatique et la chute de la biodiversité – et se conformer à l’Accord de Paris sur le climat signé en 2015, l’Union Européenne s’est tracé une feuille de route environnementale qui se voulait ambitieuse pour les décennies à venir : le Pacte Vert (« Green Deal »). Son ambition affichée est de transformer l’UE en une « économie moderne, efficace dans l’utilisation des ressources et compétitive », avec pour objectif très concret d’affranchir la croissance de sa dépendance aux énergies fossiles et d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Malgré les limites et les incohérences de ce Pacte, dénoncées par les ONG écologistes et certains eurodéputés – absence de « volet social », insuffisance du volet financier, non-remise en cause du productivisme et des accords de libre-échange –, l’appel pressant des scientifiques du GIEC en faveur de mesures urgentes et fortes pour atténuer les conséquences du changement climatique semblait avoir été au moins partiellement entendu.

Mais les droites et extrêmes droites, majoritaires au Parlement européen, sont depuis quelques temps vent debout contre ce Pacte Vert, alors que bon nombre d’entre elles l’avaient pourtant soutenu lors de son lancement en 2019. La guerre en Ukraine, avec une forte inflation comme corollaire, et surtout l’action des lobbies de l’agro-industrie et de la FNSEA profitant des récentes manifestations de mécontentement des agriculteurs sont passées par là. Avec le président hongrois Viktor Orban comme figure de proue, les droites conservatrices et populistes ont fait du Pacte Vert un bouc émissaire idéal à l’approche des élections, brossant ainsi une partie de leur électorat dans le sens du poil. Emmanuel Macron lui-même – « Ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas » – n’a pas hésité à se dédire et à apporter sa contribution au sabordage du Pacte en prônant une « pause » dans la réglementation. Quant à Jordan Bardella, il va jusqu’à demander l’abandon du Pacte, confirmant au passage le peu d’appétence du Rassemblement National pour l’écologie.

Conséquence : la plupart des textes encore à voter ont été vidés de leur substance ou même carrément abandonnés. Le plus emblématique d’entre eux, qui prévoyait de réduire de moitié l’utilisation des pesticides d’ici 2030, a été enterré en fin d’année dernière, suite aux manifestations des agriculteurs et au travail de sape des lobbies de l’agriculture productiviste.

Une progression des droites européennes, et a fortiori des extrêmes droites, aux élections de juin serait assurément une très mauvaise nouvelle pour un Pacte Vert déjà bien malmené.