Alors qu’on nous a beaucoup parlé de responsabilité pour justifier le vote du budget, il faut s’interroger sur la manière dont certains préparent, consciemment ou non, l’arrivée au pouvoir du RN. Ainsi, en parlant de « submersion migratoire », François Bayrou n’a pas hésité à reprendre le vocabulaire qu’avaient utilisé Marine Le Pen et son père. Puis il a imposé par le « 49-3 » un budget de la Sécurité Sociale qui réduit le financement de l’Aide Médicale d’État, et encouragé Bruno Retailleau à produire une circulaire qui durcit les conditions de régularisation des sans-papiers (dorénavant il faudra être en France depuis au moins 7 ans sans avoir fait l’objet d’une OQTF et parler français pour prétendre à une régularisation). Pour compléter le tableau, le groupe Les Républicains a déposé une proposition de loi remettant en cause « le droit du sol » à Mayotte, et François Bayrou proposait d’organiser un débat sur l’identité nationale, en attendant sans doute de présenter bientôt un nouveau projet de loi sur l’immigration. En fin de compte, alors que l’année 2024 a vu le nombre de régularisations baisser de 10 % et celui des expulsions augmenter de 27%, Retailleau et Darmanin encouragent le racisme et la xénophobie sans craindre de voir le RN en profiter. Est-ce le prix à payer pour maintenir ce gouvernement en place ?
Alors que nous fêtons le 20ème anniversaire de la loi du 11 février 2005 – loi qui accorde le droit à l’accès au service public de l’Éducation pour les enfants ou adolescents handicapés – qu’en est-il concrètement, aujourd’hui, sur le terrain ?
Favoriser l’inclusion des enfants en situation de handicap à l’école, dès la maternelle et ce jusqu’au lycée ? Une vraie bonne idée au départ, qui prône la tolérance, pourfend la discrimination et redonne de l’espoir aux jeunes parents qui ont à faire le deuil de l’enfant au parcours rêvé. Mais cette proposition d’inclusion n’est viable que si l’on s’en donne les moyens… et des moyens humains avant tout. C’est bien là que le bât blesse.
Depuis 2005, la scolarisation des enfants handicapés a triplé : 134 000 en 2004, 436 000 en 2022. Ce n’est pas le cas du nombre d’AESH (Accompagnantes* des Élèves en Situation de Handicap) embauchées pour les accompagner.
En exemple, cette école élémentaire accueillant neuf élèves handicapés pour lesquels la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) a notifié une scolarisation avec accompagnement humain, et qui ne se voit attribuer, à la rentrée, que quatre AESH ! Le compte n’y est pas, et ce scénario est loin d’être unique.
À ceci viennent s’ajouter des conditions de travail telles que les démissions se font de plus en plus nombreuses :
les AESH accompagnent des enfants aux handicaps très divers, souffrant de troubles autistiques et du comportement parfois sévères. Elles vivent de réels épisodes de violence : insultes, morsures, coups de pied… Ces troubles relèvent d’éducateurs spécialisés (trois ans de formation) exerçant en ITEP (Institut Thérapeutique Educatif et Pédagogique) ou en IME (Institut Médico-Educatif), établissements qui en sont à deux ans de liste d’attente pour accueillir un nouvel enfant ; avant les AESH accompagnaient des enfants souffrant de troubles DYS – dyslexie, dysgraphie, dyspraxie, dyscalculie… –, nécessitant qu’on les aide à hiérarchiser et décomposer les tâches demandées par l’enseignant ;
leur formation pour ce public devenu très spécialisé est limitée à 60 heures ;
il arrive fréquemment qu’elles partagent leurs temps entre des enfants d’établissements différents et, en dépit des déplacements incessants que cela nécessite, ne sont aucunement dédommagées de leurs frais kilométriques. Mais sûrement considère-t-on que ce n’est pas un souci, étant donné qu’elles gagnent quand même 900 €/mois ! N’est-ce pas royal ?
Elles sont très régulièrement déplacées, même si elles avaient noué un lien positif et motivant avec un enfant aux besoins particuliers. L’aspect relationnel n’est tout simplement pas pris en compte.
Notre gouvernement actuel, dont l’Éducation ne semble pas être la priorité, fait la sourde oreille aux demandes de revalorisation de ce type d’emplois précaires, mais indispensables.
Faut-il avoir un enfant handicapé pour être sensible à la cause ? Comme par exemple Bruno BONNEL – député de la majorité présidentielle – qui avait appuyé un amendement déposé à l’Assemblée nationale par François RUFFIN pour une revalorisaton des salaires des AESH.
Le fait qu’un enfant handicapé soit mal (à temps partiel) ou non accompagné a pour conséquence de mettre en souffrance tout le monde dans sa classe : lui-même car il vit une situation inadaptée à ses besoins, l’enseignant qui doit déjà composer avec une classe surchargée et des élèves aux profils et difficultés variés, ses camarades qui subissent ses crises, parfois violentes et son mal-être du fait qu’il ne se trouve pas au bon endroit. Être plongé dans une classe de 28 élèves est, pour un enfant présentant des troubles autistiques, une situation d’une violence extrême qu’il va exprimer à sa manière. L’AESH est alors indispensable pour l’accompagner hors de la classe et lui apporter le réconfort nécessaire. Encore faut-il être formée pour cela !
L’inclusion, à l’école, des enfants en situation de handicap avec des moyens adaptés, OUI ! À tout prix et sans moyens suffisants, NON !
* Les hommes à ce type de poste étant très peu nombreux, le féminin sera utilisé pour désigner les AESH.
Voici une note de lecture concernant le dernier livre d’Attac co-écrit avec la dessinatrice VAP.
L’évasion fiscale – Toute une histoire
Le ton est donné dès la couverture qui représente une pauvre statue de la liberté affublée d’une épuisette déchirée avec laquelle elle tente de récupérer l’argent qui s’envole… Liberté et argent : pas de liberté sans argent ? C’est en tout cas le fil rouge de ce livre : le jour où on aura réglé le problème de l’évasion fiscale, ce jour-là on aura des services publics dignes de ce nom, accessibles à tous et efficaces, et on pourra se livrer à une véritable transition écologique. Bref, chacun.e de nous pourra vivre dignement et librement.
Une fois ce constat posé, l’indignation du lecteur grimpe d’un cran à la lecture de chacun des six chapitres de ce livre dont l’objectif est de faire de chacun.e de nous des gens avertis quant aux problématiques fiscales : connaître pour mieux combattre. Ce livre n’a pas la prétention de faire de nous des experts, mais simplement (et c’est déjà beaucoup !) de nous expliquer dans un langage clair comment l’article 13 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 est complètement vidé de sa substance par nombre d’entreprises et de particuliers les plus riches (« une contribution commune est indispensable ; elle doit être également répartie entre les citoyens, en raison de leurs facultés»). Et c’est donc mécaniquement sur les plus modestes, les plus pauvres que repose l’essentiel de l’effort commun. Savoir cela, connaître quelques-unes des astuces des plus riches pour se soustraire à l’impôt, s’en indigner… est un premier pas d’un long chemin.
Chacun des six chapitres est écrit dans un langage clair et accessible et illustré par quelques pages de bande dessinée autour des aventures douces-amères de Louise qui tente de percer les secrets de l’évasion fiscale, une Louise plutôt sympathique qui rendrait presque amusantes les questions de droit fiscal, si la réalité n’était pas si sordide !
L’évasion fiscale – Toute une histoire, Attac et VAP, Éditions de l’Atelier, 18 euros.
Comme son prédécesseur, François Bayrou propose pour 2025 un budget qui se traduit par une baisse des dépenses publiques à un niveau jamais atteint. Reprenant à son compte une grande partie du budget du gouvernement Barnier pourtant censuré, il a expliqué qu’il comptait « mobiliser l’équivalent de 30 milliards de baisse des dépenses pour cette année». Cela accélèrerait la dégradation des services publics, alors qu’ils constituent l’un des principaux remèdes contre l’aggravation des inégalités… Avec des recettes fiscales supplémentaires de 20 milliards d’euros dont 10 milliards de contributions exceptionnelles demandés aux grandes entreprises et aux plus riches, il veut nous faire croire que les efforts seront partagés et qu’ainsi notre avenir et celui du pays seront préservés.
En fait, depuis 2017, Macron a mené une politique visant à privilégier les grandes entreprises et les plus riches au détriment de la très grande majorité des Français. C’est avec ces cadeaux qu’il a aggravé la dette publique avec comme principale solution le sacrifice des services publics… S’il faut dans un premier temps rappeler que la dette n’est pas seulement une charge (elle a comme contrepartie des actifs : infrastrutures, hôpitaux, «écoles, etc.), il faut surtout – et ATTAC peut y contribuer – que s’engage un vrai débat citoyen débouchant sur des mesures de justice fiscale. Alors qu’il ne manque pas de politiciens pour demander régulièrement une baisse des impôts et des cotisations sociales, qu’ils rebaptisent « charges » pour mieux les dénigrer, il faut travailler à recréer le « consentement à l’impôt ».* C’est la condition nécessaire pour combattre les inégalités et mettre en œuvre une démarche qui réponde aux besoins de la population en préservant l’environnement.
* De nombreuses pistes existent pour promouvoir l’égalité devant l’impôt : imposer le patrimoine de manière juste et efficace ; mettre fin aux privilèges fiscaux, surtout s’ils sont nuisibles à l’environnement ; imposer davantage les superprofits et les superdividendes ; mettre en place une véritable taxe sur les transactions financières et augmenter l’imposition des multinationales au sein de l’Union européenne ; renforcer à tous les niveaux les moyens de lutte contre les différentes formes d’évasion et de fraude fiscales.
En ce début d’année, Attac-54 vous propose en guise de clin d’oeil quelques instantanés de l’actualité politique française de l’année écoulée.
Merci aux auteurs des dessins, qui nous ont aimablement autorisé à reproduire certaines de leurs caricatures parues dans Le Canard Enchaîné.
Janvier
Gabriel Attal est nommé Premier ministre. À 34 ans, il est le plus jeune Premier ministre de la Ve République. Il succède à Elisabeth Borne, remerciée sans ménagement par Macron. Dès sa prise de fonction, il doit composer avec la fronde des agriculteurs, qui accapare son agenda.
L. Thouron, paru dans Le Canard Enchaîné
Février
La colère des agriculteurs ne faiblit pas. Macron est sévèrement chahuté lors de son passage au salon de l’agriculture à Paris. Le principal syndicat, la FNSEA, chantre d’une agriculture intensive et productiviste, réclame, entre autre, un abaissement des normes et l’abandon du plan écophyto qui visait à réduire sensiblement l’utilisation des pesticides d’ici à 2030. Il va réussir à faire céder le gouvernement sur la plupart de ses revendications.
D. Aranega, paru dans Le Canard Enchaîné
Mars
La France est le premier pays au monde à inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution, embarrassant au passage la droite et l’extrême droite, tous deux majoritairement favorables à son interdiction.
L. Thouron, paru dans Le Canard Enchaîné
Avril
Après le sport et le cinéma, c’est l’hôpital qui rejoint la vague #MeToo.
L. Thouron, paru dans Le Canard Enchaîné
Mai
La campagne pour les élections européennes de juin bat son plein. Le RN a le vent en poupe dans les sondages, malgré les casseroles qu’il traîne derrière lui (affaire des assistants parlementaires, emprunt russe…), malgré les dérapages verbaux de certains de ses affidés, malgré ses liens attestés depuis longtemps avec le pouvoir russe qui mène une guerre expansionniste en Ukraine.
P. Chappatte, paru dans Le Canard Enchaîné
Juin
Coup de tonnerre après les élections européennes dont le RN est sorti vainqueur : Macron décide sur un coup de tête de dissoudre l’Assemblée nationale. Les Français doivent retourner aux urnes pour des législatives que le parti de Marine Le Pen espère remporter haut la main. Macron joue le sort du pays sur un coup de dé, et va ainsi créer une instabilité gouvernementale inédite dans la Ve République. On dit merci qui ?
P. Chappatte, paru dans Le Canard Enchaîné
Juillet
Macron décrète une « trève politique » pour cause de Jeux Olympiques, dont il espère qu’ils vont ressouder les Français derrière leurs athlètes. Avec une surenchère quelque peu ridicule pour attester que la Seine sera suffisamment propre pour que certaines épreuves de natation puissent s’y dérouler, la maire de Paris Anne Hidalgo et la ministre des sports Amélie Oudéa-Castera se font la concurrence pour piquer chacune de son côté une tête, largement médiatisée, dans la Seine. Politique-spectacle, quand tu nous tiens !
Urbs, paru dans Le Canard Enchaîné
Août
Les différentes composantes du NFP arrivent finalement à se mettre d’accord sur le nom d’une candidate pour le poste de Premier ministre : Lucie Castets, haute fonctionnaire et conseillère aux finances à la mairie de Paris. Macron, faisant fi du résultat des élections législatives qui avaient placé le NFP en tête, refuse de la nommer, confirmant sans surprise son tropisme droitier.
Aurel, paru dans Le Canard Enchaîné
Septembre
Le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal continue durant 51 jours – une première dans la Ve république ! – de gérer les affaires courantes pendant la « trève olympique » estivale. La démission n‘est effective que le 5 septembre, jour de la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre. Bruno Lemaire obtient un poste d’enseignant en économie en Suisse. Il aura été ministre de l’économie durant sept ans, et laisse les finances du pays dans un triste état, avec une dette publique augmenté de 900 millliards d’euros pendant cette seule période. Certes il y a eu des crises à surmonter, mais les multiples et importants cadeaux fiscaux accordés aux plus riches et aux grandes entreprises sont aussi passés par là.
D. Aranega, paru dans Le Canard Enchaîné
Octobre
Après le spectacle des longues hésitations présidentielles pour le choix d’un premier ministre, les Français assistent à celui des non moins longues et laborieuses tergiversations de ce dernier, Michel Barnier, pour composer son gouvernement, qui au final – mais est-ce vraiment une surprise ? –, penche très nettement à droite.
Urbs, paru dans Le Canard Enchaîné
Novembre
Le gouvernement de Michel Barnier, dont la survie est tributaire du bon-vouloir de Marine Le Pen et de son parti, fait de nombreuses concessions à l’extrême droite, contribuant ainsi à la progression et la banalisation de ses idées. Mais ces compromissions resteront vaines, puisqu’il deviendra, avec ses 91 jours de longévité, le gouvernement le plus éphémère de toute l’histoire de la Ve République.
Chappatte, paru dans Le Canard Enchaîné
Décembre
Car ce qui devait arriver arriva. À force de passer sous les fourches caudines du RN, Barnier a fini par comprendre que la surenchère lepéniste n’aura pas de fin. Il se rebiffe sur la question de la désindexation des retraites. Marine Le Pen a alors toussé et… le gouvernement Barnier est tombé. Elle a mis à exécution sa menace de voter une motion de censure déposée par la gauche, menace qui, telle une épée de Damoclès, n’avait cessé de planer au-dessus de la tête du gouvernement depuis trois mois.
C’est désormais devenu un rituel de fin d’année : le retour des COP (Conference of the Parties).
• La COP annuelle pour le climat, la plus médiatisée, dont le but est de contenir le dérèglement climatique. Malgré l’engagement répété des participants, la main sur le cœur, de prendre le problème à bras-le-corps, on peine à percevoir un plan concerté, cohérent et ambitieux de nature à améliorer la situation. Si progrès il y a, il est pour l’instant tellement timide face à l’ampleur de la menace qu’il ne pourra en aucun cas enrayer la marche en avant vers l’enfer climatique. Le GIEC a beau répéter inlassablement qu’il faut d’urgence réduire très sensiblement les émissions de gaz à effet de serre (GES), rien n’y fait : malgré quelques avancées ici ou là , les GES continuent globalement d’augmenter, le recours aux énergies fossiles restant le principal moteur de la sacro-sainte croissance, credo de la plupart des responsables politiques de la planète. L’année 2024 aura été une année charnière, car elle a vu la hausse de la température mondiale par rapport à l’ère pré-industrielle dépasser le seuil symbolique des 1.5°C, ce que les COP étaient censées éviter… Le choix du lieu qui a accueilli cette année la COP 29 pour le climat est d’ailleurs révélateur : Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan, dont le gaz et le pétrole sont les principales sources de revenu. Faut-il dès lors s’étonner que le seul résultat tangible de cette COP 29 – 300 milliards de dollars octroyés par les pays industriels aux pays du sud, dont une partie sous forme de prêt, alors que 1300 milliards auraient été nécessaires – soit jugé notoirement insuffisant par l’ensemble des observateurs ?
• Ensuite la COP sur la biodiversité, au rythme bisannuel, qui tente de trouver des solutions à l’effondrement de la biodiversité. La seizième édition de novembre 2024 à Cali, en Colombie, a surtout débouché sur un triste constat : aucun des engagements pris lors de la COP 15 il y a deux ans à Montréal n’a été tenu, même s’il y a eu quelques avancées très partielles, et aucun accord n’a été trouvé pour les financer. Il apparaît évident que la plupart des décideurs n’ont pas encore pris la mesure de l’ampleur du phénomène et de ses implications.
• Enfin la COP sur la désertification – au même rythme que la précédente –, moins connue que ses deux homologues. La dernière en date, seizième du nom, s’est tenue en décembre 2024 à Riyad, en Arabie Saoudite. Elle s’est terminée sur un constat d’échec : aucun accord contraignant sur la lutte contre la sécheresse n’a pu être trouvé.
Comment expliquer les fiascos répétés de ces grandes messes médiatiques où la communication prend largement le pas sur l’action concrète ? Peut-être que leur forme actuelle, qui repose sur le consensus, n’est pas de nature à apporter des réponses adéquates dans des délais suffisants.
En attendant, le réchauffement climatique, l’effondrement de la biodiversité et la désertification poursuivent leur bonhomme de chemin…
Après l’éphémère gouvernement Barnier peuplé d’illustres inconnus, d’où émergeait le très réactionnaire ministre de l’Intérieur Retailleau, dont la mission était de multiplier les coups de menton susceptibles de faire vibrer les adhérents et députés du Rassemblement national*, voici maintenant l’épisode Bayrou, l’éternel « centriste », prétendument « ni de droite, ni de gauche », mais issu de l’UDF giscardienne et perpétuellement allié avec la droite.
Le but de Macron était de poursuivre coûte que coûte la même politique au service des plus riches – baisse des dépenses publiques, destruction des services publics et accroissement des inégalités – en essayant de débaucher la frange sociale-libérale de la gauche. Encore raté ! Il a dû se contenter de racler les fonds de tiroir en allant chercher par exemple un Manuel Valls, autre adepte des coups de menton sécuritaires, rallié depuis longtemps au macronisme et prêt à tout en échange de n’importe quel strapontin pour exister à n’importe quelle condition. Même avec un ou deux autres ex-socialistes de la même veine, cela ne constitue pas une majorité.
Alors, pour essayer d’éviter une nouvelle censure sans rien changer à sa politique, Macron s’est tourné une fois de plus vers l’extrême droite et multiplie les gages à son égard. Xavier Bertrand, appelé à occuper une place importante dans le gouvernement avec son image de « droite sociale », a été écarté sur ordre de Le Pen. Encore trop à gauche, sans doute… Et on recycle les valeurs sûres : Retailleau maintenu à l’Intérieur, évidemment, et Darmanin nommé… à la Justice. Il est souvent de mise, même dans un gouvernement de droite, de nommer à l’Intérieur un matamore avec pour mission de montrer les muscles du gouvernement, et à la Justice un « modéré » chargé de rappeler poliment l’état de droit quand l’autre dépasse les bornes. Cette fois, ils n’ont même pas pris la peine de mettre en scène ce duo « méchant flic/bon flic » : Darmanin, fidèle à lui-même, se répand dans les médias en claironnant quelques mesurettes de nature à faire plaisir à l’extrême droite et à masquer l’insuffisance des moyens alloués à cette institution qui en manque cruellement.
Macron va-t-il jouer encore longtemps à ce petit jeu de la course à l’échalote avec l’extrême droite ou va-t-il se décider enfin à tenir compte du suffrage populaire et à nommer un premier ministre issu du Nouveau Front Populaire, à charge pour celui-ci de mener une politique plus conforme aux intérêts de la population en négociant des soutiens texte par texte ? Encore faut-il que les partis membres de cette coalition « jouent collectif » et ne tirent pas dans tous les sens par des stratégies et des initiatives individuelles.
Car en attendant, c’est l’extrême droite qui monte et se rapproche du pouvoir.
* Associer le terme de « Rassemblement » à l’extrême-droite, dont la principale caractéristique est la division – Français/étrangers, travailleurs/chômeurs, salariés du privé/fonctionnaires – est un oxymore et une imposture.
L’affaire Pélicot enflamme les médias depuis de longues semaines. À Attac, on s’y intéresse peu, si ce n’est pour ce qu’elle révèle de notre société patriarcale et capitaliste, de ses excès, de ses vices, de ses dérives. Ou, plutôt, finalement, de ses banalités, de son ADN, de ce qui en fonde le système.
Les affaires se multiplient. #Metoo est passé par là. On sait la majeure partie des femmes viol(ent)ées au moins une fois dans leur vie ; on sait les millions de victimes d’inceste, ne serait-ce qu’en France. On sait tout ça. Mais ça ne suffit pas à remettre en cause cette fameuse « domination masculine », encore moins à ébranler les bases de cette société patriarcale.
Tout comme on sait que la planète brûle, que le réchauffement planétaire est excessif, que la biodiversité est menacée, que 6 limites planétaires sur 9 sont d’ores et déjà dépassées. L’Homme domine la planète et se comporte tel un enfant gâté avec son jouet.
L’homme (vis-à-vis de la femme) et l’Homme (vis-à-vis de la planète) sont coupables, tous les deux, de ce qu’ils engendrent. Pour l’heure, ils restent immatures à se repaître encore et toujours dans le mépris et la destruction sans limites.
Même pas sûrs que la fin du capitalisme – le jour où il adviendra – mette fin à ce « patriarcat écocide » !
Dans le cadre de ce combat mené contre les violences sous toutes leurs formes (privées, institutionnelles, religieuses, etc.), dont les femmes sont victimes, le planning familial 54 a lancé récemment un appel qu’il nous a semblé intéressant de joindre ici.
Il n’est pas évident de comparer la situation politique des États-Unis à celle de la France ; le rôle de l’État n’y est pas le même et les systèmes électoraux sont assez différents. Cependant, on peut tout de même considérer que les populations de nombreux pays ont des préoccupations assez voisines. Ainsi, durant la dernière campagne américaine, on a beaucoup parlé de pouvoir d’achat et d’immigration, deux thématiques qui mobilisent également notre opinion publique – et surtout nos médias. Quelles leçons peut-on donc tirer en France de l’élection de Trump ? Peut-on s’y référer pour envisager les prochains épisodes électoraux qui nous attendent ?
On peut dire que, dans nos pays, nous avons affaire à une certaine forme de démocratie, puisque les campagnes électorales suscitent des débats contradictoires auxquels se réfèrent plus ou moins les médias. Durant la dernière campagne électorale américaine, les candidats ont débattu, mais Trump s’est montré excessif comme jamais : misogyne, raciste, viriliste… Il n’a pas hésité à utiliser le mensonge pour arriver à ses fins. Dans le camp démocrate, on a pensé que ces excès joueraient contre lui, et pourtant cela n’a pas eu lieu. Une majorité des électeurs n’ont pas réagi comme les Démocrates l’attendaient. Ils ont préféré Trump, d’abord pour des raisons économiques et sociales, mais aussi parce qu’ils se sont retrouvés dans ses propos xénophobes et virilistes.
Alors, s’il fallait retenir une leçon pour la France, une fois le constat fait qu’une partie croissante de nos concitoyens est aussi séduite par les discours de l’extrême droite (la sphère Bolloré se charge de les y aider), c’est que si la gauche veut gagner en 2027, elle devra mettre en avant la lutte contre les inégalités sociales et défendre les services publics, ce que les Démocrates n’ont pas vraiment fait aux États-Unis.
Vous souvenez-vous des cahiers de doléances ? Ceux de 1789 ? Ils ont constitué une voie privilégiée pour recueillir et entendre la voix des différentes composantes de la société de l’époque : le clergé, la noblesse et le tiers état (autrement dit, le reste de la population, le peuple au sens large). Remontrances et réclamations adressées directement au Roi. Carrément !
Mais pour en faire quoi ? Pour décider quoi ?
Ces cahiers ont constitué un des ingrédients de la Révolution Française, et ne sont pas totalement étrangers à certains contenus de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789.
A moins que vous ne vous souveniez plutôt des cahiers de doléances de 2019 ? Sous le règne Macron 1, la terre a tremblé. Les Gilets Jaunes ont occupé les ronds-points autant que les esprits (révolutionnaires eux aussi, parfois). Emmanuel Macron a appelé à la rédaction de cahiers de doléances dans chaque ville et village de France, pour recueillir et entendre la voix du peuple.
Mais pour en faire quoi ? Pour décider quoi ?
Coup de communication, détournement de l’attention, contre-feu… Tout, sauf une réelle volonté de s’en inspirer, d’y puiser quelque ressource digne de son attention. Que sont devenues ces 200 000 contributions citoyennes rassemblées en près de 20 000 cahiers ? Quels enseignements en a-t-il tiré ? Aucun, que croyez-vous ? Le roi Macron 1er, l’auto-proclamé « révolutionnaire », est incapable de considérer avec un peu de dignité celles et ceux qui, pour lui, « ne sont rien ».
Fabrice Dalongeville, maire d’Auger-Saint-Vincent (dans l’Oise), dont l’idée a inspiré Emmanuel Macron, appelle à sortir ces cahiers de la naphtaline. Il a donc réalisé, avec Hélène Desplanques, le film-documentaire Les doléances.
ATTAC-54 s’empare de cet appel et va essayer de mettre en place en début d’année une projection du documentaire, suivie d’échanges sur l’action citoyenne à l’échelon local comme base de l’action politique nationale. Parler politique, renouer ou entretenir le dialogue, créer du lien, du commun.