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Macron prépare la venue du RN au pouvoir (Édito – mai 2023)

Nous vivons une situation sociale tendue marquée par une mobilisation contre la réforme des retraites, inédite tant par son intensité que par sa durée. En campant sur leurs positions, Macron et son gouvernement ont choisi délibérément de faire grandir un ressentiment qui ne peut qu’encourager le recours au RN. En effet, les opposants à la réforme n’ayant pas réussi à faire céder Macron, une dangereuse illusion tend à se répandre : « on a tout essayé, la droite, la gauche et le ‘ni droite, ni gauche’ de Macron, ça n’a pas marché, pourquoi ne pas essayer Le Pen ? »

S’ajoute à cela une banalisation de l’autoritarisme qui renforce cette hypothèse. Au-delà du 49.3 et de la promulgation précipitée de la loi, il faut aussi retenir les interdictions de manifester et l’intervention de plus en plus systématique et violente des forces de l’ordre. Darmanin est à la manœuvre et, sous prétexte de défendre la République, accentue de plus en plus le caractère répressif de l’État… Finalement, les lois liberticides et le présidentialisme exacerbé ne peuvent que favoriser Le Pen. Celle-ci n’aura pas d’état d’âme pour encore les renforcer, et les rappels réguliers du gouvernement pour la mise en œuvre d’une nouvelle loi sur l’immigration vont également dans le même sens.

Le programme économique et social du RN

Pour Attac-54, le marqueur de cette année 2023 est le travail engagé sur la déconstruction du discours du Rassemblement National, qui élargit son audience au-delà de sa base habituelle, en attirant notamment le vote d’une partie des salariés et des Français les plus défavorisés. Un quiz à destination du grand public est en cours d’élaboration, dont une première version a déjà été testée avec succès lors de deux manifestations, syndicale et associative. Une conférence avait également été organisée le 13 avril dernier, sur le thème : « La critique du programme économique et social du RN ». Le conférencier, Vincent Drezet, membre du Conseil scientifique d’Attac-France, avait ensuite participé à deux émissions sur des radios locales, dont une sur ce même sujet.Voici un condensé des propos développés lors de la conférence et de l’émission (sur RCN).

Le Rassemblement National connaît une progression générale dans le pays : dans ce qu’on appelle la « France périphérique », qui se tourne surtout vers un vote « anti-système », dans la classe moyenne grâce à son discours sur la sécurité, dans les villages et les petites villes à travers son discours sur le pouvoir d’achat. À quoi il faut ajouter un ras-le-bol général vis-à-vis des autres partis politiques.

Dernièrement, l’attitude intransigeante du gouvernement face aux manifestations répétées et massives contre la réforme des retraites a débouché sur une crise démocratique et institutionnelle. C’est le Rassemblement National, pourtant absent dans les débats et dans la rue, qui en a profité le plus, en se contentant de capter la colère populaire. Il élargit ainsi sa base électorale, sans pour autant que cela se traduise par des propositions et des actions concrètes, car il reste fidèle à ses fondamentaux, marqués du sceau de l’injustice fiscale et sociale.

Le RN n’est pas, comme il le prétend, le parti du pouvoir d’achat. Il a par exemple voté contre la revalorisation du SMIC et contre une revalorisation du salaire des fonctionnaires. S’il propose une augmentation du salaire dans les entreprises, c’est au détriment des cotisations sociales, ce qui se traduira par une dégradation de la couverture sociale qui protège d’abord les plus défavorisés.

Il veut par ailleurs privatiser l’audiovisuel public, une mesure qui s’inscrit dans ses préconisations plus générales pour une société privatisée où les services publics seraient réduits à leur plus simple expression.

Les mesures fiscales qu’il propose sont en parfaite cohérence avec le néolibéralisme ambiant et favoriseraient d’abord les plus riches : suppression des droits de donation et de succession (les classes moyennes en sont déjà exemptées, ce sont donc les 20% les plus riches qui en bénéficieraient) ; diminution de la progressivité de l’impôt sur le revenu ; dégradation des services publics ; baisse des aides et prestations sociales, et de tout ce qui atténue les inégalités (qu’il assimile à de l’assistanat) ; refus du rétablissement de l’ISF, pourtant réclamé par une grande partie de son électorat populaire.

S’il reste plutôt vague sur les questions économiques, le programme du RN est par contre très détaillé sur ses thèmes traditionnels de la sécurité et de l’immigration, sur lesquels il n’a pas changé depuis 20 ans, fidèle à son approche nationaliste et xénophobe. Pour tout ce qui touche aux libertés publiques, le RN reste donc bien un parti d’extrême droite.

En matière de fraude, sans surprise, le RN met l’accent sur la fraude aux prestations sociales, ciblant ainsi particulièrement les plus défavorisés et les immigrés (sur le thème : « On ne va quand même pas payer pour eux ! »). Mais il faut ramener cette fraude à sa juste valeur, en comparant les 2 à 3 milliards d’euros annuels qu’elle représente, à la fraude fiscale des plus riches – de l’ordre de 80 milliards d’euros –, et à la fraude aux cotisations sociales du travail et des revenus non déclarés – estimée à 20 milliards d’euros. Les ordres de grandeur ne sont pas comparables, et ne laissent pas de doute quant aux priorités à donner en la matière…

Le RN a fait de gros efforts pour apparaître comme un parti respectable. Son discours a ainsi fortement évolué sur la question de l’Europe, car ses responsables ont compris qu’ils n’accèderaient pas au pouvoir en affichant la volonté de sortir de l’euro et en se mettant à dos l’Union Européenne et les marchés financiers.

Par ailleurs, quand le gouvernement fait de la NUPES son ennemi principal, il fait le lit du RN en contribuant à sa dédiabolisation et sa normalisation.

Quant à Eric Ciotti, il fait sauter de nouvelles digues lorsqu’il déclare que la seule différence entre la droite et le RN est la capacité à gouverner.

Mais au-delà des discours de façade du RN, il est important de dévoiler la réalité des faits et des projets, et de faire comprendre à l’électorat populaire que choisir le vote RN, c’est agir contre ses propres intérêts.

L’émission radio peut être écoutée sur le lien suivant : http://www.rcn-radio.org/wp-content/uploads/2023/04/2023_04_14_dialectique_le_programme_economique_du_rn.mp3

Pour une VIème République (Édito – avril 2023)

La période que nous vivons a le mérite de mettre en lumière la nécessité d’un renouveau démocratique dans notre pays. Depuis trois mois, un mouvement social puissant, soutenu par l’opinion publique, s’oppose au projet de réforme des retraites voulu par Macron. Or celui-ci, comme son gouvernement, a refusé d’entreprendre de véritables négociations avec les syndicats, préférant utiliser tous les moyens législatifs à sa disposition pour faire passer en force un projet rejeté par la grande majorité des Français.

Aujourd’hui, même si le mouvement social n’a pas dit son dernier mot, force est de constater que nous sommes allés au terme d’un processus qui a profondément remis en cause nos institutions, à commencer par cette fonction présidentielle qui peut permettre à une seule personne d’imposer une loi n’ayant même pas été votée à l’Assemblée nationale !

Finalement, cette crise démocratique a surtout montré que la France a besoin d’une nouvelle constitution ! A nous de travailler à l’émergence du mouvement populaire qui permettra de faire naître enfin une VIème République…

L’essentiel du 6e rapport de synthèse du GIEC

Le GIEC – Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat – vient de publier le rapport de synthèse qui clôture son sixième cycle d’évaluation. Il y fait le point sur l’ensemble des connaissances scientifiques concernant le changement climatique en cours.

Le rapport réaffirme tout d’abord avec force la responsabilité des activités humaines dans le réchauffement global. Toutes les données concordent pour pointer du doigt les émissions de gaz à effet de serre (GES) – liées surtout à l’utilisation des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) – comme principale cause de ce réchauffement.

Les conséquences sont multiples :

• les évènements climatiques extrêmes comme les vagues de chaleur, les tempêtes et cyclones, les fortes pluies ou les sécheresses deviennent plus intenses et plus fréquents ;

• certaines évolutions comme la modification des océans ou la fonte des calottes glaciaires sont d’ores et déjà irréversibles, pour les décennies, voire les siècles à venir ;

• près de la moitié de la population mondiale vit actuellement dans des zones – pour la plupart situées au Sud – devenues très vulnérables, : montée du niveau des océans, inondations, sécheresses, canicules, pénuries alimentaires, risques sanitaires, etc ;

• la biodiversité est fortement impactée, de nombreuses espèces animales et végétales ont déjà disparu ou sont menacées à court terme.

Ces conséquences viennent en interactions avec d’autres risques non liés directement au climat, pour créer des situations de crise – économique, migratoire, sanitaire, sociale ou autres – qui vont se multiplier et s’accentuer dans les décennies à venir.

Le rapport souligne aussi une injustice climatique criante : ce sont les populations qui ont le moins contribué à ce réchauffement – essentiellement les pays pauvres du Sud – qui doivent en subir les conséquences les plus graves. Cette « dette climatique » des pays riches devrait se traduit par une importante compensation financière, mais ils ne tiennent pas leurs promesses et n’abondent que très insuffisamment les fonds destinés à aider les pays pauvres dans leur lutte contre le réchauffement.

Les  scientifiques du GIEC ne manquent toutefois pas de rappeler que les solutions existent, mais qu’il faudra une volonté politique forte pour les mettre en œuvre. Ils mettent ainsi nos décideurs devant la lourde responsabilité qu’ils portent vis à vis des générations futures.

Après avoir fait le constat que les mesures prises jusqu’ici sont largement insuffisantes au regard des besoins, les rédacteurs du rapport montrent la voie à suivre à travers trois axes.

La première des nécessités est de sortir à court terme des énergies fossiles et d’investir massivement dans le renouvelable. Les banques ont une responsabilité importante de ce point de vue, à travers leurs financements qui devraient être réservés prioritairement aux projet vertueux pour le climat. Nous sommes pour l’instant loin du compte.

Le deuxième point se résume à un seul mot : sobriété. Il est indispensable de réduire fortement notre consommation, notamment de produits manufacturés et/ou qui viennent de loin. Les plus riches devront faire un effort particulier, car ils contribuent de manière disproportionnée aux émissions de GES. Mais cette sobriété ne pourra devenir effective qu’à travers des politiques ambitieuses en rupture avec les modèles actuels. Le défi est de taille, car il s’agit de baisser d’au moins 40 % les émissions de GES d’ici 2050 !

Enfin, le déploiement rapide de solutions d’adaptation est indispensable pour infléchir le réchauffement planétaire et en atténuer les effets : arrêt de la déforestation dans les zones tropicales, agroforesterie, végétalisation des villes en sont quelques exemples. Le GIEC a simulé 5 scénarios climatiques possibles pour les 80 ans à venir. Pour l’heure nous nous trouvons plutôt sur la trajectoire du plus pessimiste d’entre eux. Les deux plus vertueux nous assureraient pourtant un « avenir vivable et durable pour tous », mais ils supposent de mettre sur pied sans tarder une coopération internationale pour agir vite et fort dans la mise en œuvre des solutions proposées.

Appel pour une taxation des transactions financières

Les entreprises du CAC 40 engrangent des bénéfices records, les fortunes des plus riches s’envolent. Ces constats sont à l’origine d’un appel, soutenu par de nombreuses personnalités à travers le monde, pour la taxation (0,1%) des transactions financières. L’argent ainsi récupéré serait destiné à la transition écologique et à l’aide aux pays du Sud dans leur lutte contre le réchauffement climatique.

L’idée de taxer les transactions financières est à l’origine même de la création d’Attac, il y a 25 ans. Attac-54 ne peut donc que soutenir sans réserve cette initiative.

Vous pouvez signer l’appel ici : https://taxonslaspeculation.com/

Le capital avant le travail (Édito – mars 2023)

L’objectif de la réforme des retraites qu’Emmanuel Macron veut imposer est purement financier : maintenir les dépenses de retraites à leur niveau actuel, en dessous de 14% du PIB. Ce qui entraînera, en raison du vieillissement de la population, une baisse du niveau moyen des pensions par rapport à l’ensemble des revenus d’activité. En d’autres termes, comme le remarque le Conseil d’orientation des retraites, le niveau de vie des retraités diminuera par rapport à l’ensemble de la population.

L’argumentaire néolibéral du pouvoir macronien et de la Commission européenne est que les retraites ont un poids excessif et contribuent aux déficits publics qu’il convient de réduire à tout prix. Or, si l’on analyse de près l’évolution des comptes publics, on voit que les causes principales des déficits sont ailleurs. Leur augmentation, ces dernières années, provient de l’érosion des recettes publiques, dont le poids en pourcentage du PIB n’a cessé de diminuer. Ainsi, de 2007 à 2021, les recettes fiscales de l’État sont passées de 14,2% à 12,2% du PIB.

Cette érosion est due aux baisses d’impôts et de cotisations sociales, principalement en faveur des entreprises et des ménages les plus riches. Cette politique anti-impôts s’est accélérée pendant l’ère Macron, notamment avec la suppression de l’ISF et des impôts de production sur les entreprises.

Mais il faut aller plus loin dans l’analyse des comptes publics. Contrairement au discours officiel, largement repris dans les médias, les retraites sont loin d’être le poste des dépenses publiques dont la progression est la plus forte. Ce record est détenu par les aides publiques aux entreprises (APE), dont la croissance a été de 5% par an en termes réels (hors inflation) entre 2007 et 2021, soit 2,5 fois plus que les dépenses de retraite.

Or les APE – subventions publiques, crédits d’impôt et baisses de cotisations sociales patronales – posent un double problème. D’une part, il est reconnu qu’elles sont peu efficaces ? Ainsi en est-il des baisses de cotisations sociales permises par le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), qui a été pérennisé par Emmanuel Macron. D’autre part, les APE contribuent à déséquilibrer les comptes de l’État et de la protection sociale, dont font partie les retraites. Prompt à imposer l’austérité à l’assurance-vieillesse ainsi qu’aux services publics, le gouvernement s’oppose à tout débat public sur la pertinence des APE, dont le poids est devenu exorbitant, estimé à 160 milliards d’euros par an, soit 6,4% du PIB, et qui bénéficient surtout aux grandes entreprises.

Il y a bien deux poids, deux mesures pour le travail et le capital…

Précision : cet édito est la reprise d’un texte de Dominique Plihon, paru dans la revue Politis. Dominique Plihon est membre du conseil scientifique d’Attac.

L’A31 bis… bis

On vous en a parlé récemment… on y revient.

La concertation de quelques mois menée sous l’égide de la CNDP (Commission Nationale du Débat Public) a récemment pris fin après d’âpres débats. Il en ressort un rapport qui met en évidence une expression citoyenne penchant massivement vers l’abandon du projet de toute nouvelle infrastructure (auto)routière destinée à fluidifier le flux des véhicules sur cet axe quotidiennement sur-encombré. Malgré tout, le rapporteur préconise certaines options parmi les quelques-unes proposées. Lesquelles ? Peu importe, du moment qu’elles visent à bitumer, bétonner, macadamiser, favoriser l’automobile encore et toujours !

Le message des participant.es à la concertation était pourtant clair : doubler l’A31 est une ineptie d’un autre temps ; et les alternatives envisageables sont pléthore.

Si vous souhaitez refaire le tour de la question, vous pouvez vous référer au site dédié à la concertation (https://www.a31bis.fr/fr/) et surtout – pour les alternatives – aux productions du collectif Alternatives31 (voir le pdf ci-dessous).

Toujours est-il que l’abandon n’est pas gagné, bien au contraire.

Habitués à user sans limite de leur pouvoir éculé (le 49.3, ça vous évoque quelque chose ?), aveugles à la nécessaire bifurcation écologique, rétifs à la justice sociale… nos gouvernants risquent bien, une fois de plus, de donner leur feu vert à ces entreprises qui se lèchent déjà les babines de voir naître ce projet si bénéfique pour leurs actionnaires.

Ce n’est pas gagné… mais ce n’est pas perdu non plus ! Alternatives31 persiste et lance une pétition pour rappeler le Ministre des transports au bon sens, celui des mobilités douces, saines, multi-modales et collectives, celui de la sobriété et de la santé, celui de la biodiversité et de l’écologie, celui de l’avenir et de la Vie.

Vous savez ce qu’il vous reste à faire… Pour signer la pétition, c’est ici.

Les droits des exilés menacés ! (Édito – février 2023)

Le 29ème projet de loi sur l’immigration depuis 1980 a été présenté au Conseil des ministres le 1er février, avant d’être examiné au Sénat, puis à l’Assemblée Nationale au printemps. S’inscrivant délibérément dans une vision utilitariste et répressive, ce projet a conduit les associations de défense des droits des exilés à dénoncer « des mesures qui risquent de rogner davantage les droits des personnes étrangères ».

Ainsi, présenté comme visant à faciliter les expulsions des « étrangers délinquants », ce projet cherche d’abord à « réformer structurellement » le droit d’asile dans le but d’accélérer les procédures et d’expulser plus efficacement… Quant au volet intégration, il propose un titre de séjour « métiers en tension » qui revient à faire des migrants une main-d’œuvre de circonstance, précarisée et… jetable.

Alors que la dématérialisation prive déjà de nombreux étrangers d’un accès au séjour, ce projet de loi tend à restreindre le droit au séjour et le droit d’asile. Au lieu d’accueillir dignement celles et ceux qui fuient la guerre, les persécutions, la misère ou les conséquences du dérèglement climatique, il s’agit au contraire de renforcer les moyens qui les empêcheront  d’accéder ou de rester sur le territoire.

Les associations et syndicats appellent à manifester partout en France, le 4 mars, pour dénoncer  une réforme qui vise à « considérer les étrangers comme une population de seconde zone, privée de droits, précarisée et livrée à l’arbitraire du patronat, de l’administration et du pouvoir ».

Si le Rassemblement National nous était conté…

Le RN des villes et le RN des champs

Voici une fable sur l’espèce RN,
Qui est une engeance tristement pérenne.
Il fut un temps où le RN des villes
Etait une denrée fort rare, pas plus d’un sur mille.
Son proche cousin le RN des champs
Etait bien plus répandu et plus entreprenant.

Il s’appelait alors FN de son vrai nom,
Mais il le changea plus tard sans façon.
Pour s’adapter à un monde en mutation,
La nature fit jouer la sélection,
Pour privilégier le RN des villes fort présentable
Au RN des champs peu fréquentable.

Ce dernier affectionne le langage grossier
Quand l’autre utilise une prose bien plus châtiée.
Le fond du discours restait identique,
Mais il sut lui donner une forme moins antipathique.
Il était question de dédiabolisation et de banalisation,
Et beaucoup se laissèrent berner par cette illusion.

Le RN des champs était prévisible
Quand il prenait les étrangers pour cible.
Mais son cousin des villes, plus sournois,
Sait rester sur la question bien plus coi.
En matière d’économie il est très à droite,
Et sa vision de l’écologie est fort étroite :
Il voit le nucléaire comme la meilleure arme
Pour lutter contre le réchauffement qui nous alarme.

Le RN des villes fait jouer dans les médias sa fibre sociale,
Mais toute autre est son attitude à l’Assemblée Nationale.
Revaloriser de 10% les salaires des fonctionnaires ?
Il a voté contre, il n’en a rien à faire.
En faire autant pour les APL ?
Il a voté contre, et c’est sans appel.
Amener les retraites au niveau du Smic ?
Il a voté contre, ce serait gaspiller du fric.
Monter les minima sociaux au niveau du seuil de pauvreté ?
Il a voté contre, faudrait pas non plus exagérer !
Donner au Smic un coup de pouce appréciable ?
Il a voté contre, les gagne-petit ne sont pas des notables.
Geler les loyers en cette période difficile ?
Il a voté contre, ce serait trop facile.
Bloquer les prix des produits de première nécessité ?
Il a voté contre, les petites gens n’ont qu’à se débrouiller.
Rétablir l’ISF pour les plus fortunés ?
Il a voté contre, ses amis il ne veut pas froisser.
Instaurer une taxation sur les superprofits ?
Il a voté contre, son libéralisme le lui interdit.

Et quand il propose d’augmenter de 10% dans les entreprises,
Les salaires inférieurs à trois fois le minimum,
C’est sur les cotisations patronales que la dépense est prise,
Et donc les comptes de la Sécu il plombe un maximum.

La morale de cette histoire,
Pour autant qu’on en puisse voir,
Est que quand le RN des villes veut montrer une fibre sociale,
Cette posture est une supercherie monumentale.
De son cousin le RN des champs il a gardé les idées,
Et tout en avançant masqué, il n’est pas prêt d’en changer.