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L’empreinte carbone du chocolat

Oh les relous qui viennent nous culpabiliser avec le chocolat, maintenant… Alors quand c’est pas la bagnole ou l’avion qu’on utilise trop souvent, la viande de bœuf qu’on mange trop, maintenant c’est par le chocolat qu’on pèche ?

Mais non… Enfin si, un peu… 

D’où vient l’impact carbone du chocolat ? Eh bien, pas tant du transport (quand bien même les cacaoyers ne poussent pas sous nos latitudes…) que de la déforestation : la culture croissante du cacao exige de plus en plus de sols, donc de déforestation. En vingt ans, on est passés de 4 millions d’hectares de terres cultivées en cacao dans le monde à 12 millions, donc autant d’hectares déforestés, autant de forêts stockant le carbone qui ont cessé d’exister.

Ajoutons à cela les conditions de travail très dégradées des paysans producteurs qui font un travail harassant tout en respirant des produits chimiques particulièrement toxiques, ainsi que cela est raconté dans le livre autobiographique de l’auteur camerounais Samy Manga, Chocolaté, Le goût amer de la culture du cacao.

Samy Manga était présent à Nancy en avril 2024 lors du festival Livres d’Ailleurs ; à cette occasion il s’est rendu auprès de collégiens à qui il a expliqué comment travaillait son grand-père mort trop jeune de son travail et avec qui il dialogue dans son livre :

  • Grand-père, pourquoi ces gens prennent tout notre cacao ?
  • Parce qu’il leur appartient, fiston.
  • Grand-père, ce cacao vient de notre plantation.
  • Oui, mais c’est pour eux que nous travaillons cette plantation depuis des générations.
  • Grand-père, nous ne sommes pas des esclaves.
  • En quelque sorte, oui.

Les petits producteurs de cacao tels le grand-père de Samy Manga sont désarmés face aux géants Mars, Ferreiro, Mondelez, Nestlé, Hershey’s, Lindt et Sprüngli, pour ne citer que les plus importants, les requins de l’or vert, comme les appelle Samy Manga.

Que faire alors ? Aussi vertueux que nous soyons au quotidien en n’achetant que du chocolat bio et équitable (ce qui nous laisse supposer que, peut-être, les petits producteurs ont été respectés), en n’achetant que du chocolat en provenance du Pérou (un des rares pays qui cultive son cacao sans déforester), même mis bout à bout, ces petits gestes n’auront pas un grand impact. De plus, ils ne sont pas accessibles à tous : entre une plaque de chocolat « vertueuse » et une autre issue des circuits habituels, l’écart de prix est vertigineux.

Or l’Union Européenne peut imposer aux grands groupes cités plus haut de produire d’une manière plus respectueuse des travailleurs et de l’environnement. Elle s’est ainsi dotée en 2023 d’un règlement qui vise à interdire la mise sur le marché européen de produits ayant contribué à la déforestation. On attend juste sa mise en application. Et on espère très fort qu’il ne sera pas vidé de sa substance entretemps.

Allez, vous reprendrez bien encore un petit chocolat ? En espérant qu’on ne vous a pas coupé l’appétit, car ce n’est pas le but. Vivons, soyons heureux, mais soyons vigilants.

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