Quel cap pour les COP ?
Dérèglement climatique et effondrement de la biodiversité : notre planète ne va pas bien ! Les dirigeants mondiaux, aiguillonnés par les scientifiques qui n’arrêtent pas de tirer la sonnette d’alarme, se relayent pourtant à son chevet et font régulièrement des déclarations censées nous rassurer sur leurs intentions. Les COP (Conferences of the Parties) qui se succèdent depuis trente ans soulèvent régulièrement d’immenses espoirs quant à leur volonté de s’attaquer au problème, mais jusqu’ici la déception a toujours été à la hauteur des espérances.
Les COP annuelles sur le climat sont maintenant bien connues. Celles bisannuelles sur la biodiversité sont nettement moins médiatisées, même si les conséquences de la perte de biodiversité sont potentiellement tout aussi dévastatrices pour l’humanité, puisqu’il est question d’extinction du vivant, pas moins. Les scientifiques nous affirment en effet, chiffres à l’appui, que la sixième extinction de masse – entendez : la réduction massive de la biodiversité – est actuellement en cours, et directement liée aux activités humaines (la dernière extinction en date remonte à l’époque des dinosaures, au crétacé).
Le but de ces grands raouts internationaux – la COP 27 sur le climat et la COP 15 sur la biodiversité viennent à peine de s’achever – est d’apporter les remèdes indispensables pour freiner, voire stopper la spirale qui nous mène à la catastrophe. Que ce soit pour le climat ou la biodiversité, le processus reste pourtant désespérément le même depuis 30 ans : fixation d’objectifs ambitieux établis dans l’euphorie du moment avec promesse, la main sur le cœur, que cette fois-ci on va vraiment prendre le problème à bras-le-corps, déclarations enflammées dans les médias, et quelques années plus tard – après un lobbying tous azimuts des multinationales – constat désabusé que les objectifs fixés n’ont pas été atteints et que la situation a inexorablement continué à se dégrader.
Il serait injuste de dire que rien n’avance : des textes sont votés, des initiatives sont prises ici et là, qui vont dans le bon sens. Mais l’écart reste abyssal entre ce qui devrait être fait et ce qui l’est réellement. Les accords de Paris de la COP 21 sur le climat en sont une frappante illustration : 196 pays les ont signés, près de 190 les ont ratifiés et se sont donc engagés à prendre les mesures nécessaires pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C d’ici à 2100. On se souvient tous des communiqués enflammés sur les « avancées majeures », mais force est pourtant de constater, sept ans après, que les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont continué à progresser là où elles auraient dû sensiblement diminuer. Consolation dérisoire, un pays, un seul, a respecté ses engagements : la Gambie.
Autre exemple concernant la biodiversité : la COP 10 qui s’est tenue au Japon en 2010 avait retenu vingt objectifs à atteindre pour 2020 ; le bilan au bout des 10 ans est plus que navrant, aucun d’entre eux n’ayant été atteint, et certains des points concernés s’étant même nettement dégradés.
Avec la COP 27 qui vient de se tenir en Égypte c’est encore pire, puisqu’aucun engagement nouveau n’a été pris pour réduire les émissions de CO2. Cela s’explique par la présence à Charm El Cheikh de 636 lobbyistes des énergies fossiles. Comme l’écrit le journal canadien Le Devoir, « la COP 27 a été prise en otage par les industries fossiles ».
Il est donc vital pour l’avenir de la planète que les citoyens du monde, jouant le rôle de contre-pouvoir, se mobilisent contre cette collusion mortifère entre les États et les entreprises industrielles et financières qui continuent d’œuvrer à l’exploitation des énergies fossiles, principale cause du réchauffement climatique. L’enjeu est de créer un rapport de force en faveur des défenseurs du climat et de la planète. Ainsi, c’est grâce à la mobilisation de plusieurs centaines d’ONG que les pays de l’Union Européenne vont être amenés à sortir du traité sur la charte de l’énergie (TCE) qui protège les intérêts des entreprises fossiles.
Voilà pourquoi Il est important de ne pas relâcher la pression. Les scientifiques nous disent que l’essentiel peut encore être sauvé, à condition de réagir vite et fort. Il reste moins de dix ans pour éviter à l’humanité un futur cauchemardesque. L’effort à fournir est immense et pour le faire accepter par tous, il faut qu’il soit équitable : il est indispensable de contraindre les plus riches, pays ou individus, à prendre leur juste part – c’est-à-dire la plus grande part – dans les efforts à fournir pour atteindre les objectifs fixés. Car ils sont les premiers responsables de la situation actuelle.