Quel monde pour demain ? (Édito – février 2021)
La crise que nous sommes en train de vivre, en s’installant dans la durée, a fini par dépasser largement la seule question sanitaire. Elle nous met à la croisée des chemins et nous pose l’interrogation du monde dans lequel nous souhaitons nous engager. Celui que nous proposent les profiteurs de la crise, et en premier lieu les géants du Net, dont Amazon est l’un des plus emblématiques avec un patron qui a vu sa fortune personnelle s’envoler avec l’explosion du e-commerce, mais aussi les laboratoires pharmaceutiques, dont les dividendes vont grimper à la faveur de la crise sanitaire. Ou bien un monde plus solidaire, plus écologique et moins consumériste, timidement entrevu lors du confinement du printemps dernier.
Force est de constater que cette crise a accéléré la numérisation de notre société : le télétravail s’est durablement installé dans le paysage, l’Université semble avoir trouvé dans les cours à distance la solution à ses problèmes de locaux, on nous invite avec insistance à privilégier la télé-médecine, Netflix et ses équivalents de vidéos en ligne ont rencontré un fort engouement, le e-commerce a connu une progression sans précédent, les réseaux sociaux n’ont jamais été autant plébiscités, le paiement sans contact est devenu la règle.
Contrairement à certaines idées reçues, l’impact écologique de cette numérisation est pourtant loin d’être anodin : les serveurs et data-centers effroyablement énergivores, le coût écologique de la fabrication et du recyclage des multiples outils numériques qui ont envahi notre quotidien, l’émission de gaz à effet de serre et la surconsommation liée au e-commerce en sont quelques exemples. La circulation et l’utilisation des données personnelles est également un enjeu de taille.
Saurons-nous maintenir cette intrusion du numérique dans nos vies à un niveau raisonnable, compatible avec une société libre de ses choix et avec la sobriété énergétique qui sera nécessaire pour limiter les effets du réchauffement climatique ?